Une étude sur l’effet asséchant des couverts vivants à réitérer
En 2023 et 2024, la chambre d’agriculture de la Drôme a mené des essais afin d’évaluer l’effet sur la disponibilité en eau du sol en comparant des bandes broyées et enherbées sur une noyeraie à Parnans.

«Quels seraient les résultats en année sèche et avec plus de broyages ? », s'interrogeait Milancha Babity, à la suite des premiers essais menés par la chambre d’agriculture de la Drôme, appuyée par le Département et Valence-Romans eau, en 2023. À Parnans, dans la Drôme des collines, la ressource en eau reste problématique… lors des années sèches. Ainsi, l’expérimentation lancée en 2023 avait pour objectif d’évaluer l’effet du broyage sur le comportement hydrique du sol. Jérôme Leroy, agriculteur à l’EARL Le Replat, a mis à disposition une parcelle de noyers afin de comparer une rangée broyée et une autre qui n’est pas touchée jusqu’à la récolte. En 2023, l’année fut pluvieuse donc les résultats restaient à confirmer (voir notre article sur l’édition du jeudi 14 mars 2024). Manque de chance, rebelote en 2024, une année elle aussi très humide.
Des résultats qui restent à confirmer
Pour rappel, en 2023, douze sondes avaient été installées pour connaître avec précisions les tensions de l’eau dans le sol. Elles avaient permis de déduire que l’enherbement n’avait pas d’effet positif ou négatif sur les rendements. Toutefois, après de fortes précipitations, les données des tensiomètres attestaient d’une disponibilité en eau plus importante sur l’inter-rang enherbé, sur une période d’au moins 14 jours. Sur la parcelle, le sol est limono-argileux profond, les noyers, de variété Franquette, sont âgés de trente ans et il y a un apport de fumier de bovins chaque année. Les gros changements opérés en 2024 concernent notamment le broyage. Trois ont été réalisés contre un seul l’année précédente. « Il y a eu un effet de tassement en profondeur avec les broyeurs et donc moins de réservoirs pour stocker l’eau dans le sol », rapporte Milancha Babity, conseiller irrigation à la chambre d’agriculture de la Drôme. La bande broyée s’avère moins poreuse, moins efficace pour stocker l’eau et laisse moins de place aux racines. Le suivi de l’humidité du sol avec les sondes a permis de confirmer sur les deux années que la conservation d’eau et l’infiltration sont meilleures avec la modalité non broyée, notamment sur l’inter-rang. La station d’expérimentation nucicole Rhône-Alpes (Senura) a étudié la caractérisation qualitative et quantitative de la récolte. Pas de différence significative observée. La modalité cassée a aussi été testée en 2024 sur conseils de viticulteurs.
« Au lieu de venir avec le broyeur, nous avons passé le rouleau Faca pour coucher l’herbe afin d’évaluer s’il y avait une meilleure conservation de l’humidité, précise le conseiller en irrigation. Dans les rangs, la modalité cassée conserve mieux l’humidité. En inter-rang, c’est la modalité non broyée qui donne de meilleurs résultats ». Toutefois, après concertation avec l’agriculteur, la modalité cassée n’a pas été conservée. « Les feuilles jaunissaient et tombaient. Cela pouvait pénaliser les cultures », détaille Milancha Babity. D’un point de vue économique, la bande non broyée permet à l’agriculteur de faire des économies sur le coût du broyage (un au lieu de plusieurs). Il peut être conseillé d’anticiper le broyage des couverts en année humide. Pour 2025, la Senura va étudier la gestion de la maladie anthracnose en non broyé. De potentiels futurs essais évalueront si le nombre de passage de broyeur peut influer sur la composition floristique. Finalement, cette nouvelle année d’essai n’aura pas permis d’établir les effets des couverts en année sèche. Affaire à suivre en 2025 avec un nouvel essai.
M.E.