Datura : mieux le connaitre pour mieux le combattre
Le datura stramoine est une adventice annuelle de la famille des Solanacées. Initialement inféodé au Sud de la France, il est de plus en plus fréquent en Rhône-Alpes, depuis plusieurs années. Il se complait dans nos systèmes de cultures et dans l’ensemble des types de sol. La première étape de sa lutte est de savoir le reconnaitre.
Au stade plantule, les cotylédons du datura stramoine sont grands et lancéolés. La tige et les pétioles sont pileux. Les feuilles alternes. Une odeur peu agréable se dégage déjà au toucher. Plus tard, la tige est glabre, arrondie, elle se ramifie et se solidifie. Les feuilles sont irrégulièrement dentées avec un long pétiole. La racine est pivotante. Les fleurs en forme d’entonnoir plissé de 6 à 10 cm de long sont solitaires à chaque bifurcation des tiges, blanches ou violettes.
Les fruits forment des bogues épineuses de 4 à 5 cm. Chacune contient environ 500 graines de 3 mm, plates, de couleur noire. Le datura se complet dans les sols riches, c’est une plante nitrophile (qui aime l’azote) et se développe dès qu’elle est mise en contact avec la lumière. Il est alors conseillé d’être vigilant aux abords de champs (bords de route, tournières), aux passages d’enrouleurs, après un passage de bineuse, aux zones retournées par des sangliers ou accidentées …
Des graines viables en 2 mois après germination
Le datura a la particularité d’atteindre le stade floraison en quelques semaines et ce indépendamment de la somme de température. Autrement dit, dès lors que la graine germe, elle sera en mesure de se reproduire. Cette caractéristique est notamment problématique dans la gestion du désherbage et peut expliquer un ressalissement des parcelles sur l’automne. L’accès à la lumière est, en effet, un facteur davantage explicatif de son développement que la température.
On estime ainsi qu’en seulement deux mois, les premières graines atteignent le stade de maturité. Si les plantes levées au printemps produisent régulièrement plus de 20 bogues, les levées tardives réduisent leur nombre, mais elles contiennent tout autant de graines.
Des levées plus regroupées en semis direct
La persistance de la graine de datura dans le sol est très importante (durée de vie de 40 ans en moyenne). Les graines germent préférentiellement dans les cinq premiers centimètres du sol mais celles enfouies à plus de 10 cm pourront germer une fois remonter à la surface. Le travail du sol aura donc peu d’effet dans la gestion de cet adventice.
En revanche, il a pu être observé qu’une perturbation minimale du sol (semis direct) pouvait retarder et regrouper les levées par effet mulch. La destruction par du désherbage chimique ou mécanique s’en trouverait ainsi facilitée. La gestion du datura doit être rigoureuse et à la parcelle. Laisser une plante grainer, c’est s’assurer de devoir gérer cette problématique tout au long de sa carrière.
Yann Janin, Arvalis-Institut du végétal
1 plante contamine 10 tonnes de maïs
L’ensemble de la plante de datura (graines et parties végétatives) contiennent des alcaloïdes tropaniques dont la teneur dans les récoltes est réglementée. En maïs grain, le seuil réglementaire est dépassé dès lors qu’on retrouve une graine dans 2 kg de grains. Sachant qu’une plante de datura peut produire 5 000 graines, une plante suffit à contaminer dix tonnes de maïs et déclasser la remorque entière. Par ailleurs, lors de la récolte, les jus de sèves peuvent contaminer les grains même en l’absence de graines de daturas. Il est donc impératif d’éliminer les daturas avant de récolter !
