La stabule du bonheur
À Saint-Martin-en-Haut (Rhône), Denis Bouchut et sa compagne Émilie ont fait le pari d’un bâtiment laitier innovant, confortable, évolutif et économe. Deux ans après sa mise en service, la stabulation du Gaec du Bonheur coche toutes les cases du bâtiment de demain.

À quelques encablures du bourg de Saint-Martin-en-Haut (Rhône), une nouvelle construction capte l’attention. Sobre, claire, aérienne, elle tranche avec l’image traditionnelle des stabulations fermées aux bardages bois. Ici, pas de murs pleins, pas de ventilation mécanique, pas de robotisation, mais une réflexion complète sur le bien-être animal, la qualité de vie des éleveurs et la performance énergétique.
Tout le monde sous le même toit
Ce jour-là, une douce lumière baigne l’ensemble de la stabulation. Les vaches laitières ruminent, et les génisses se reposent paisiblement dans les niches de la nurserie. Tout ce petit monde vit sous le même toit, dans un bâtiment évolutif à la toiture parfaitement pensée pour anticiper les fortes chaleurs d’été. « Les anciens bâtiments étaient conçus pour le froid. Aujourd’hui, il faut raisonner à l’inverse », explique Denis Bouchut. D’où le choix d’un toit en fibrociment gris clair, après dérogation au plan local d’urbanisme (PLU) pour éviter le rayonnement thermique. « C’est courant dans l’ouest de la France, beaucoup moins ici. Nous avons préféré un toit clair plutôt que d’isoler, car c’était trop coûteux », explique l’éleveur.
Une avancée de toiture de deux mètres évite également que le soleil ne tape directement sur les logettes, tout en maintenant une bonne ventilation, non entravée par des bardages pleins. Pour parfaire l’ensemble, des rideaux latéraux automatisés équipés de capteurs de pluie ont été installés pour se fermer automatiquement en cas d’intempéries.
Confort et simplicité avant tout
À l’intérieur, chaque détail a été pensé. Le circuit des animaux est fluide, de la nurserie aux logettes adultes, sans rupture ni changement de bâtiment. « Tout a été pensé pour être simple et fonctionnel, sans technologie superflue. On voulait un bâtiment agréable à vivre pour les bêtes, mais aussi pour nous » explique Denis.
Ici, pas de béton lisse glissant, mais un sol antidérapant à motif losangé réalisé grâce à un rouleau façonné par un artisan local. « Nous avons préféré ce procédé à des revêtements un peu plus conventionnels. Ça fonctionne très bien et ça reste économique. » Côté confort animal, les logettes ne sont pas paillées, mais remplies de matière organique sèche issue du lisier séparé en phase solide et liquide. « C’est très confortable, et ça évite les pathologies. Contre toute attente, nous réformons moins que prévu. Les vaches sont reposées, certaines récupèrent même de leur boiterie ! » se félicite l’éleveur.
Avec l’objectif de développer son projet sur le long terme, le couple a préféré investir massivement d’un coup : 900 000 euros, dont 200 000 d’aides, étalés sur douze à dix-huit ans. « Nous avons 35 ans. Nous voulions éviter de nous retrouver, comme certains, à regretter un outil trop petit », explique Denis.
Investir jeune pour ne rien regretter
Prochaine étape : la pose de 900 m2 de panneaux photovoltaïques sur la toiture du bâtiment pour de la revente totale d’électricité. Pour compléter l’approche, une ferme pédagogique est gérée par Émilie. Grâce à une salle en mezzanine isolée et chauffée, le Gaec du Bonheur accueille familles, scolaires et séminaires d’entreprise. Un lien précieux avec le grand public, et une façon de valoriser autrement le projet d’une vie agricole déjà bien remplie.
Rémi Morvan
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