Voyage au cœur de nos forêts
Depuis 2012, les forêts françaises sont célébrées le 21 mars. Mais depuis quelques années, c’est une semaine complète d’animations qui rassemble les citoyens autour de ce bien collectif et précieux. D’autant plus que les forêts sont en danger. La Journée internationale des forêts est l’occasion de rappeler l’importance de ces espaces et de donner des clefs pour sa préservation.

«La Journée internationale des forêts, c’est un peu le rendez-vous annuel qui permet de découvrir la richesse des forêts, et surtout l’occasion de sensibiliser à sa préservation », explique Élise Daunay, responsable communication à l’Office national des forêts (ONF) en Auvergne-Rhône-Alpes. La journée a été créée en 2012, instaurée le 21 mars, à l’initiative de l’Organisation des Nations unies (ONU). L’ONF y participe depuis 2018. « Cette année, l’ONF a organisé environ 200 animations gratuites dans toute la France, du 15 au 23 mars.
En réalité, c’est plutôt une semaine de fête », décrit-elle. Une semaine fondamentale pour la santé des forêts françaises, puisqu’elle est l’occasion de faire passer de nombreux messages. « L’idée est de mieux faire comprendre le rôle des forêts françaises, de sensibiliser le public aux bonnes pratiques, et de présenter les travaux de l’ONF en matière de gestion forestière, pour permettre le renouvellement des forêts. » La région Auvergne-Rhône-Alpes a été particulièrement investie, avec plus de quarante animations réparties sur tout le territoire. « Nous n’avons pas encore tous les départements, mais beaucoup se sont impliqués. Cette année nous avons des animations dans l’Ain, le Cantal, la Drôme, le Puy-de-Dôme, l’Ardèche, l’Isère, l’Allier, la Savoie et la Haute-Savoie. » Il s’agit d’un éventail d’animations : guidées pédestres en forêt aux côtés d’un forestier, de jeux de piste pour faire découvrir la forêt, de conférences, de projections, de balades en calèche… et d’une fresque participative, la « sylvafresque », construite sur le modèle des fresques du climat, accompagnée d’un jeu de cartes pédagogique sur le rôle de la forêt et la gestion forestière pratiquée par l’ONF. Ce sont donc beaucoup d’animations, à la fois ludiques et éducatives, qui sont proposées pendant ces deux semaines.
Les grands défis de la forêt
« En région, nous sommes très touchés par la sécheresse, les dépérissements, les attaques de parasite… Cela a commencé par l’Ain, notamment dans le Bugey, le Pays de Gex, en 2018, à la suite de plusieurs années de sécheresse. Aujourd’hui, cela s’est étendu aux Alpes, à la Savoie et la Haute-Savoie, et les prévisions n’annoncent pas d’amélioration dans les années à venir. » Une situation délétère, qui invite l’ONF à partager les défis de la forêt et à rappeler ses multiples bienfaits, tout ce pour quoi elles sont indispensables. Aujourd’hui, plus que jamais, les forêts souffrent du réchauffement climatique et des attaques de scolytes, « ces petits coléoptères qui finissent par faire mourir les arbres ». L’ONF agit donc pour adapter les forêts françaises à ces changements climatiques brutaux, afin de les rendre plus résilientes. « Les paysages changent très rapidement, selon les régions et les départements. Cela interpelle les habitants, notamment lorsque les coupes sanitaires deviennent inévitables », se désole Élise Daunay.
Une responsabilité collective
« Il est de notre devoir de sensibiliser le grand public au fait que la forêt souffre, d’expliquer pourquoi c’est le cas, et ce qu’il peut mettre en place pour participer à sa préservation, avec un guide des bonnes pratiques », explique-t-elle. « Nous nous appuyons sur une charte du promeneur, consultable sur notre site (onf.fr) et qui rappelle comment préserver le milieu forestier quand on s’y promène. Nous rappelons l’importance de ne pas faire de feu ni fumer en forêt, puisque les incendies sont l’un des grands risques, à cause du changement climatique, qui a vraiment des effets désastreux. Nous rappelons également qu’il est important de cohabiter correctement en forêt, puisque les espaces forestiers sont source de bien-être pour ses usagers. Les usages sont multiples et pas toujours simples à faire cohabiter. Entre promeneurs, vététistes, chasseurs, cavaliers… tout le monde a sa place, nous rappelons alors comment nous respecter, rester sur les sentiers, respecter la faune et la flore, notamment en période de nidification, ou en ce qui concerne la régulation de la cueillette qui peut abîmer les milieux », conclut la spécialiste.
Charlotte Bayon

« Le premier message, c’est d’inciter à respecter la forêt »

Guillaume Medkour est technicien forestier pour l’ONF depuis quatre ans à Lente, dans le Vercors (Drôme). Ce professionnel de la forêt a pleinement participé à la Journée internationale de la forêt, en animant des évènements ludiques et pédagogiques.
«Nous avons de plus en plus de problèmes liés au réchauffement climatique : insectes ravageurs, champignons (chalarose du frêne par exemple), qui se développent en milieu chaud, mais finissent par conquérir les montagnes. Les fortes chaleurs et le manque de pluie causent finalement de nombreux dépérissements d’essences, explique le technicien de l’ONF, Guillaume Medkour. L’ONF fait ainsi son possible pour rendre la forêt plus résiliente. Ce travail passe également par une sensibilisation importante.»
Pour cette Journée internationale des forêts, il était notamment présent au bois des Ussiaux, à Romans-sur-Isère, où il a animé un jeu de pistes, en partenariat avec l’association de la Drôme des Collines Forestières : « c’était une enquête pour démasquer l’imposteur parmi huit forestiers. Ce jeu de piste permet de faire découvrir la multitude de métiers qui existe en forêt, pour se rendre compte qu’il n’y a pas qu’un bûcheron, il existe beaucoup de rôles différents et indispensables ». Pour soutenir la forêt, d’après Guillaume Medkour, il y a énormément de messages à faire passer.
« Le premier, c’est d’inciter à la respecter », assure-t-il. Lors de cette Journée internationale des forêts, les jeux proposés permettent de sensibiliser, dès le plus jeune âge, aux comportements à adopter en forêt, et peuvent même ouvrir la voie à de nouvelles vocations. « Nous avons entendu des jeunes dire qu’ils aimeraient bien fair un métier de forestier lorsqu’ils seraient plus grands. Ce qui nous fait plaisir, puisque cela signifie qu’ils ont été touchés. »
Charlotte Bayon