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Prévision de récolte

Abricot : une production qui se redresse sans atteindre son potentiel

Les prévisions européennes de production d’abricots ont été dévoilées fin avril dans le cadre du Medfel de Perpignan. Après une année 2021 catastrophique, marquée par le très fort épisode de gel du mois d’avril, la campagne 2022 s’annonce plus favorable.

Abricot : une production qui se redresse sans atteindre son potentiel

En avril 2021, le gel a touché tous les bassins de production européens. Les pertes ont été importantes et la production européenne a été inférieure à 400 000 tonnes (393 313 tonnes), un des niveaux les plus faibles des trente dernières années. Le gel a de nouveau frappé en mars 2022 en Grèce et en Italie, et début avril en France et en Espagne. Mais contrairement à 2021, l’impact a été plus hétérogène et globalement moins important. Seule l’Espagne qui avait été moins impactée en 2021 est plus touchée cette année. Dans ce contexte, les prévisions de Medfel pour la production d’abricots en 2022 s’établissent à près de 515 000 tonnes au niveau européen, soit 31 % au-dessus de la très déficitaire 2021 mais 8 % en dessous de la moyenne 2016-2020. 2022 est la troisième année déficitaire consécutivement au niveau européen pour l’abricot. « Cette succession d’accidents climatiques n’est-elle qu’une coïncidence ou un effet structurel et durable du changement climatique ? En tout cas, il semble de plus en plus compliqué et risqué de produire de l’abricot dans la plupart des bassins de production européens, qu’ils soient historiques ou plus récents », constate Éric Hostalnou, de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales, auteur de ces prévisions.

En chute libre 

Dans le détail par pays, la situation en Grèce est un peu meilleure qu’en 2021, mais la production est toujours plus faible qu’une année normale. Elle devrait être supérieure de 17 % à la récolte 2021 mais inférieure de 20 % à la moyenne 2016-2020. Pour l’Espagne, la production d’abricots doit affronter depuis quatre ans de nombreux accidents climatiques, que ce soit le gel ou la grêle. Depuis 2019, la production d’abricots est en chute libre. Les prévisions 2022 tablent sur un volume inférieur à 60 000 tonnes (59 011) soit une baisse de 37 % par rapport à l’année dernière déjà déficitaire et 52 % par rapport à la moyenne 2016-2020. Après deux campagnes marquées par des épisodes de gel, l’Italie a été cette année moins impactée. En 2020, la péninsule transalpine avait perdu la moitié de sa production avec un volume s’élevant à 162 000 tonnes. Elle s’était à peine redressée en 2021 (188 000 tonnes). Pour cette année, l’estimation table sur 260 000 tonnes soit une hausse de 40 % par rapport à l’an dernier et de 11 % par rapport à la moyenne 2016-2020.

Érosion du verger

En France, les arboriculteurs ont eu très peur début avril, mais le pire a été évité, au moins pour l’abricot. Après une campagne 2021 historiquement faible (57 000 tonnes), Medfel annonce une production de près de 130 000 tonnes (128 364 tonnes), soit une hausse de 125 % par rapport à 2021 et une augmentation de + 8 % par rapport à la moyenne 2016-2020, « un niveau de production correct pour le verger français mais légèrement en deçà du potentiel de production », estime Éric Hostalnou. « La prévision tient compte de l’érosion du verger, consécutive aux mauvais résultats des dernières années : à titre d’exemple, le verger de l’AOP compte près de 300 hectares d’arrachages annuels depuis quatre ans, alors que les plantations sont passées de 300 à moins de 100 hectares pendant la même période. Le potentiel de production française régresse depuis cinq ans, et il ne dépassera certainement donc pas 130 000 tonnes de production, alors que nous avons compté 145 000 tonnes dans la décennie 2010-2020 », conclut Bruno Darnaud, président de l’AOP pêches et abricots de France. Les prévisions européennes de production de pêches nectarines seront dévoilées le 24 mai à l’occasion d’un « Mardi de Medfel » en visio.