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Formation

Agroéquipement : un déficit de notoriété pénalisant pour le recrutement

Les concessions d’agroéquipement regroupent divers métiers, allant du mécanicien au magasinier en passant par le commercial. Des emplois qualifiés, non délocalisables, bien rémunérés qui pourtant manquent de main-d’œuvre.

Agroéquipement : un déficit de notoriété pénalisant pour le recrutement
« 80 % de notre personnel est issu de l’alternance », explique Bertrand Colinet, entouré ici de ses apprentis.

«Nous rencontrons tous beaucoup de difficultés à recruter des jeunes parce que notre secteur souffre d’un déficit de notoriété. Nous sommes associés à l’agriculture et pour dire les choses brutalement, on ne fait pas envie », s’accordent à dire nombre de responsables d’entreprises. « J’ai actuellement quatre offres d’emploi postées sur des sites spécialisés ou sur mon site personnel et qui ne reçoivent aucune réponse », se désole Jean-Marc Bosson, président Rhône-Alpes du Sedima, le syndicat des entreprises de services et distribution du machinisme agricole. 
À la tête d’établissements en Savoie et dans l’Ain, il emploie 60 salariés. « Je recherche des commerciaux de terrain et des magasiniers de vente au comptoir, des emplois qui demandent des bases techniques ainsi que la maîtrise de l’informatique ». Dans leur établissement de Villars-les-Dombes, Bruno et Jérôme Girard ont opté pour le tutorat. « Les deux jeunes femmes recrutées aux postes de magasinier ont travaillé pendant deux ans en binôme avec les personnes qui partaient à la retraite afin de profiter de leurs connaissances et de leur expérience », explique Jérôme Girard.

Mécanique de pointe

De plus en plus sophistiquées, les machines agricoles réclament pour leur maintenance et leur réparation des mécaniciens formés à l’hydraulique, la pneumatique, l’électronique… « Les jeunes férus de mécanique trouveront dans nos ateliers de quoi satisfaire leur passion  car nous pratiquons ici de la mécanique de haut niveau », souligne Jérôme Girard. « Mais pour intégrer toutes ces connaissances nous avons besoin d’avoir des jeunes en réussite scolaire avec des têtes bien faites. L’apprentissage qui représente la solution pour avoir des jeunes qualifiés reste le parent pauvre de la formation. Les meilleurs éléments sont toujours orientés vers la filière générale. Ceux qui choisissent des formations techniques, malgré tout, préfèrent souvent les travaux publics ou autres. Beaucoup de jeunes sont venus en stage découverte, malheureusement je ne les revois plus par la suite. Aujourd’hui, notre profession est placée dans l’obligation de se faire connaître et de mettre en valeur ses métiers ». Même remarque de la part de Bertrand Colinet de Saint-Martin-en-Haut (Rhône) qui emploie 80 salariés : « 80 % de notre personnel est issu de l’alternance. L’apprentissage est aujourd’hui le mode de formation le plus adapté, même si cela représente un investissement conséquent pour l’entreprise. Il demande du temps, de l’énergie, des moyens pour que le jeune devienne compétent et autonome. Mais l’apprentissage a besoin d’être réformé pour que, d’une part, il soit plus attirant pour les élèves brillants et d’autre part pour que les entreprises puissent vraiment former les jeunes aux réalités du terrain ».

Faire coller la formation aux besoins

Les établissements de formation, tels que les MFR, les lycées professionnels, sont les principaux pourvoyeurs de main-d’œuvre. « Nous travaillons en concertation pour mettre en adéquation leurs formations et nos demandes de qualification », précise Bertrand Colinet. Dans l’Ain, le lycée des Métiers de Châtillon-sur-Chalaronne, plus spécialisé sur les travaux publics, propose désormais un Bac pro maintenance des matériels agricoles et espaces verts qui comprend une formation scolaire en classe de seconde et de première et une année de terminale en alternance.

Magdeleine Barralon

Mécanique : Une féminisation timide du métier

Mécanique : Une féminisation timide du métier
Rose Benallaoua est mécanicienne des établissements Girard à Villars-les-Dombes, elle a opté par choix pour ces métiers très masculin.


« Nous sommes prêts à accueillir un plus grand nombre de jeunes femmes dans nos établissements, explique Jean Marc Bosson. Elles sont d’ailleurs de plus en plus présentes dans les magasins. En ateliers, c’est plus rare. »
Rose Benallaoua est mécanicienne des établissements Girard de Villars-les-Dombes depuis 2017. Elle a passé un Bac pro, puis un CAP agricole TSMA (techniques et servies en matériels agricoles), puis un BTS TSMA. « Grâce aux nombreux outillages, elle peut réaliser seule la majorité des tâches, il n’y a que pour porter les charges très lourdes qu’elle doit faire appel à la solidarité de ses collègues, explique Jérôme Girard. Les femmes ont largement leur place dans les ateliers. Toutefois, cela demande de leur part de la volonté et du caractère pour faire leur place dans un univers très masculin. »