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Après cinq ans de travail, le projet Permagri livre ses conclusions

Lancé en 2016, le projet de recherche et développement Permagri (pour perméabilité des espaces agricoles) arrive aujourd'hui à son terme. Le 20 mai dernier, les conclusions de ce projet ont été livrées lors d'un séminaire final qui a permis de dresser des perspectives d'avenir.

Après cinq ans de travail, le projet Permagri livre ses conclusions
© www.permagri.fr

Le projet Permagri trouve ses origines dans les études des paysages agricoles de l'ex-région Rhône-Alpes menées en 2012 par l'Isara et la chambre régionale d'agriculture dans le cadre de l’élaboration du Schéma Régional de Cohérence Ecologique (SRCE). Ces travaux ont montré que les espaces agricoles peuvent fournir des abris et des ressources alimentaires pour de nombreuses espèces animales et végétales. C’est ce qu’on appelle la «  perméabilité » des espaces agricoles, car ces espaces sont à la fois des lieux de vie et de déplacements pour la faune et la flore. Suite à l’élaboration du SRCE, il est rapidement apparu important d’améliorer les connaissances sur la perméabilité écologique des espaces agricoles et de mobiliser les acteurs des territoires par la constitution de groupes de travail et des observations. C’est ainsi qu’est né le projet « perméabilité des espaces agricoles », avec l'objectif de mieux connaître l’intérêt des espaces agricoles en matière de biodiversité et d’identifier des possibilités d’amélioration tout en prenant en compte les besoins des territoires et de l’agriculture. Pendant cinq ans, ce projet a rassemblé les chercheurs de l'Isara, les chambres départementales et régionale d'agriculture mais aussi des organisations environnementales comme les conservatoires botaniques ou la ligue de protection des oiseaux.

Une diversité de paysages en fonction des dynamiques locales

Pour évaluer la perméabilité écologique des espaces agricoles, il était nécessaire de comprendre les choix et les contraintes des agriculteurs mais aussi la mosaïque des paysages agricoles, la faune et la flore tout en faisant le lien avec le contexte territorial et les politiques agricoles et d’aménagement. Le projet Permagri se focalise sur les espaces agricoles de plaine cultivée, ceux pour lesquels les connaissances demeurent encore les plus parcellaires pour l'élaboration du SRCE. D'après les observations menées, plusieurs caractéristiques de la mosaïque paysagère des plaines doivent être prises en 
compte à différentes échelles. Si le parcellaire agricole occupe plus des trois-quarts de l’espace, les zones non-cultivées jouent un rôle important. Evaluer la perméabilité d’une plaine agricole nécessite par ailleurs de prendre en compte à la fois les éléments semi-naturels comme les haies ou les fossés, ceux relatifs à l’agriculture et enfin ceux liés à l’urbanisation. L’ensemble de ces éléments se présente sous la forme d’une mosaïque paysagère plus ou moins hétérogène. Les travaux menés révèlent ainsi que malgré une origine géomorphologique souvent similaire, les plaines agricoles n’affichent pas toutes le même paysage en fonction des politiques d’aménagement territoriales et des filières agricoles présentes.

Neuf types de paysages de plaine agricole 

Neuf types de paysages rencontrés dans les plaines agricoles de la région ont été identifiés à l’aide d’une analyse statistique du maillage des parcelles et de différentes données d’occupation des sols à grande échelle (SIG). 
On distingue d'abord des paysages ouverts avec deux grandes tendances : 
d'un côté des paysages peu diversifiés de grandes parcelles marqués par des remembrements parcellaires et la présence d’infrastructures ou d’urbanisation et très peu d’éléments boisés. Les systèmes agricoles y sont structurés par les filières de production de céréales qui valorisent des périmètres irrigués. De l'autre, des paysages avec une diversité cultivée importante et de petites parcelles avec des éléments boisés réguliers qui se révèlent moins affectés par les mutations de type remembrements et infrastructures. Les recherches menées ont également permis de distinguer trois types de paysages semi-ouverts qui mixent cultures et prairies avec des éléments boisés très réguliers. Ils sont moyennement à très diversifiés. Les filières d’élevage bovin y sont encore bien présentes et contribuent à la valorisation de l’herbe en complément des systèmes céréaliers. Enfin, les paysages herbagers de vallons présentent une très faible diversité paysagère du fait de la domination de prairies permanentes valorisées par des systèmes d’élevage bovins.
                                              
Pierre Garcia