Cyclone Batsirai : l’agriculture réunionnaise très touchée
C’est l’heure du bilan pour les agriculteurs réunionnais qui ont subi les assauts du cyclone Batsirai. Les dégâts, en cours d’évaluation, se chiffreraient déjà à plusieurs dizaines de millions d’euros.

« Les 12 800 exploitants ont été touchés d'une façon ou d'une autre avec le cyclone. Des toits et des clôtures ont été arrachés, des plants de légumes, de fruits endommagés comme la banane, les fruits de la passion ou encore des palmistes. La canne a également été touchée, et des serres ont été débâchés... », a expliqué à nos confrères d’Ipréunion, Dominique Gigan, président de la FDSEA de l’Île de la Réunion. C’est surtout sur les hauteurs de l’île, où les vents ont été plus violents mais aussi dans les criques que les dégâts ont été les nombreux.
Placée en alerte rouge le 2 février, l’ancienne Ile Bourbon a subi, pendant plusieurs heures, des vents violents, entre 120 et 150 km/h avec des rafales à 200 km/h auxquels se sont ajoutées des pluies diluviennes. En trente heures, ce ne sont pas moins de deux mètres d’eau qui sont tombées sur le volcan, le Piton de la Fournaise. Ces intempéries ont coupé des routes, arraché des arbres entiers et des câbles électriques, privant des milliers de foyers d’eau et d’électricité.
De nombreux agriculteurs se sont également retrouvés isolés. Certains d’entre eux ont tout perdu ou presque : un agriculteur de Petite-Île a vu 90 % de sa récolte de bananes emportés par les vents. Un autre de Sainte-Anne avait enlevé ses bâches de ses serres de melons et de concombres avant le passage du cyclone et se retrouve aujourd’hui « avec des cultures perdues, un manque de revenus et de chiffre d’affaires pour pouvoir faire tenir l’exploitation dans les mois à venir », a-t-il confié à Linfo.re. Comme ses collègues maraîchers, il redoute que leurs cultures gorgées d’eau pourrissent avec le soleil.
Catastrophe naturelle et calamités
Pourtant, certains agriculteurs se rassurent en disant avoir échappé au pire. En effet, comparé au passage du cyclone Fakir en 2018, les dégâts sont moindres au niveau de la canne. A cette époque, en avril 2018, la canne était alors en pleine croissance et les dégâts beaucoup plus importants. Fakir avait aussi causé la mort de deux personnes. Dans le cas de Batsirai, il n’y a aucune victime à déplorer. Surtout, Batsirai « était un monstre à nos portes », a confié Emmanuel Cloppet, directeur de Météo France à la chaine de télévision Antenne Réunion. Selon lui, ce cyclone était de la même intensité qu’Irma aux Antilles (2017). Les dégâts sont néanmoins importants : de l’ordre de dizaines de millions d’euros pour le seul secteur agricole », estiment Dominique Gigan et Frédéric Vienne, président de la chambre d’agriculture. Les deux organisations agricole travaillent avec le Département de la Réunion ainsi que les services de l’Etat pour demander des aides à destination des exploitants agricoles. L’état de « calamité agricole » a été demandé. Parallèlement, Cyril Melchior, président du conseil départemental, a déposé auprès ministre des Outre-mer une demande d'état de catastrophe naturelle. En attendant, les Réunionnais continuent à panser leurs plaies.
Christophe Soulard (Actuagri)