En fruits d'été, « une saison 2024 fracturée »
Lors des Rendez-vous de l'arbo, le 10 décembre à Valence, un point a été fait sur la campagne 2024 des fruits d'été et enseignements à en tirer.

En abricots comme en pêches et nectarines, la saison 2024 restera comme une nouvelle année atypique. Un hiver doux a entraîné des débourrements dès mi-janvier et des floraisons précoces, avec néanmoins peu d’épisodes de gel. En abricot, la douceur de l’hiver a été fatale aux variétés à besoins en froid élevés, comme Bergeron qui a connu sa pire année en termes de floraison, nouaison et production. En pêches et nectarines, un bon comportement des variétés à floraison précoce. Au contraire, les fortes floraisons du printemps ont induit des efforts d’éclaircissage conséquents, très exigeants en main-d’œuvre et en savoir-faire technique. Les fruits noués ont parfois été triés en grande quantité et jusqu’au début du mois de juin. L’absence de gel et la floribondité abondante ont induit de bons tonnages lorsque les épisodes de grêle n'ont pas atteint les vergers.
Selon l'AOP pêches et abricots de France, 49 800 tonnes d'abricots ont été commercialisées en 2024, soit une baisse de 32 % comparé à 2023. « Le potentiel de production est irrégulier et en régression, a fait remarquer Raphaël Martinez, directeur de l'AOP. L'abricot est très impacté par les effets du changement climatique. » En pêches et nectarines, le volume commercialisé a atteint 145 000 tonnes, en augmentation de 5 % comparé à 2023. « Le verger est rajeuni, le potentiel productif dynamique et les volumes sont en croissance depuis trois ans », a-t-il ajouté.
Des enseignements pour 2025
Tant en abricot qu'en pêche-nectarine, la commercialisation est restée compliquée. Un printemps et un mois de juillet froids et pluvieux ont ralenti les achats des consommateurs. Et la priorité donnée aux produits français a été aussi trop longue à se dessiner. Pour faire pression sur la grande distribution, « le rôle du syndicalisme a été déterminant », a confié Raphaël Martinez. Un rôle également utile pour contrer l'instabilité juridique sur les emballages plastiques qui ont pénalisé les ventes de fruit de petits calibres et engorgé le marché. C'est l'un des enseignements qu'il tire de cette saison 2024, tout comme la nécessité de prendre des parts de marché sur le segment des fruits plats.
Par ailleurs, le directeur de l'AOP pêches et abricots de France estime nécessaire, d'une part de « poursuivre le travail sur la stabilité agronomique et la qualité des variétés d'abricots » ; d'autre part de « sécuriser le verger par des protections physiques et phytosanitaires ». Enfin, selon Raphaël Martinez, « il faut adapter le calendrier commercial à l'évolution de l'offre afin de gagner une semaine sur le basculement Espagne / France ».
Pour 2025, l’AOP pêches et abricots de France a annoncé vouloir créer un contrat de progrès entre producteurs et distributeurs (lire notre précédente édition). « L’objectif est de valoriser les pêches et abricots français labellisés Vergers écoresponsables auprès des consommateurs », a expliqué Raphaël Martinez.
Christophe Ledoux
En fruits, la balance commerciale se dégrade
La France confirme sa position importatrice de fruits et légumes selon la dernière étude de FranceAgriMer.
Le bilan des échanges pour les fruits et légumes français entre 2003 et 2023 accuse un solde négatif et qui se creuse fortement, indique une étude de FranceAgriMer parue le 9 décembre. Globalement, l’étude souligne un solde des échanges en volume négatif (- 597 000 tonnes en 2023) et un déficit qui se creuse, atteignant son point le plus bas en 2021 pour les fruits, et un solde pareillement négatif pour les légumes (- 823 800 tonnes en 2023), avec un déficit qui se creuse sur le long terme.
Dans le détail, les exportations françaises de fruits ont diminué de 47 % en volume, principalement sur le marché européen (- 43 %) alors que parallèlement les envois sur les marchés tiers ont légèrement progressé (+ 2 %). Dans le même temps, les importations françaises de fruits tempérés en volume ont augmenté de 25 % en vingt ans. Cette hausse est nettement plus marquée pour les importations venant des pays tiers (+ 63 % vs 2003) que pour celles venant de l’Union européenne (+ 12 % vs 2003).
Doublement des importations françaises
En valeur, les importations françaises de fruits ont doublé entre 2003 et 2023 (+ 106 % vs 2003) quand les exportations ont diminué de 5 % par rapport à 2003 : « La balance commerciale de la France est négative et se creuse depuis 2004, atteignant 1,1 milliard d’euros de déficit en 2023. À noter qu’en 2003, la balance commerciale de la France était encore positive ». Les deux principaux fruits importés sont la pastèque et les fruits à pépins (respectivement 22 et 21 % de parts de marché en volume en 2023). Pour la pastèque (comme par ailleurs pour la tomate), la part de réexportation est importante. L’année dernière a aussi vu l’arrivée d’une nouvelle catégorie importée : les petits fruits rouges.
Les cinq premiers fournisseurs de la France en fruits frais tempérés sont, en volume, l’Espagne, le Maroc, l’Italie, la Belgique et la Turquie. Ils représentent 78 % des importations françaises de fruits tempérés.
À noter, en légumes frais, les exportations ont augmenté de 26 % portées par la hausse des exportations vers l’Union européenne (+ 32 % vs 2003). Mais les volumes importés ont également augmenté en suivant la même tendance (+ 28 % vs 2003).