Entrepreneurs des territoires : « On va vers une année compliquée »
Hausse du coût de l’énergie et échange avec les semenciers ont constitué les deux principaux points de la dernière assemblée générale de la Fédération des entrepreneurs des territoires (EDT) de Drôme-Ardèche. Retour avec Stéphane Blard, président.

« Nous n’avons plus aucune visibilité sur les prix des carburants et les pièces détachées », confie Stéphane Blard, président de la Fédération des entrepreneurs des territoires (EDT) de Drôme-Ardèche. L’impact de la guerre en Ukraine n’a fait qu’empirer la situation. En plus de cette hausse qui met à mal les trésoreries des entreprises, s’ajoutent des problèmes d’approvisionnement. Les entreprises sont en effet très gourmandes en gazole non routier (GNR). Selon la nature des travaux agricoles ou forestiers, la facture peut vite grimper. « Pour de simples travaux forestiers, il faut tabler sur environ à 30 litres/ha. Mais on monte de 60 à 100 litres/ha pour un broyeur. Dans ce dernier cas, le surcoût représente 400 euros par jour, expliquait récemment Patrice Durand, directeur de la Fédération nationale des EDT (FNEDT). Et pour un tracteur qui consomme 200 litres de GNR par jour, cela fait 200 € de plus. » Au cours actuel du GNR, la FNEDT estime qu’un chantier d’ensilage d’herbe fait perdre à l’entrepreneur 500 à 800 euros par jour si on ne répercute pas l’augmentation des prix. Surtout, les distributeurs de GNR commencent à rationner les commandes.
Des prestations qui vont augmenter
À la tribune de l’assemblée générale, le mois dernier à Mercurol-Veaunes, Stéphane Blard (président de la fédération des EDT 26-07) entouré de Sébastien Palix (trésorier) et Christopher Blache (secrétaire). ©EDT26_07
Stéphane Blard conseille vivement aux entrepreneurs de Drôme et Ardèche « d’être vigilant sur leurs coûts de revient afin d’adapter les prix de leurs prestations, sans doute de + 4 à 5 %. On va vers une année compliquée », poursuit-il. Outre la hausse des prix de l’énergie, « aucune moissonneuse-batteuse ne sera livrée cette année, quelles que soient les marques », déplore-t-il.
Autre point largement évoqué en assemblée générale, certaines prestations réalisées pour les semenciers. « Les agriculteurs multiplicateurs de semences utilisaient le Réglone (produit à base de diquat - ndlr) pour la dessication des cultures porte-graines de tournesol, ce qui permettait de faire un chantier aussi rapidement qu’en tournesol de consommation. Mais depuis deux ans les cultures ne sont plus “réglonées” (autorisation de mise sur le marché non reconduite - NDLR), ce qui divise par deux le rendement du chantier », constate Stéphane Blard. Aux représentants des entreprises semencières présentes (Syngenta, Top Mistral, Valgrain), les EDT 26-07 ont demandé une augmentation de rémunération. Un rendez-vous a été fixé pour en discuter.
Pour palier à la conséquence de l’absence de Reglone, Nicolas Thibaut, ingénieur indépendant spécialiste en récolte et qualité des grains, a présenté une possibilité de réglage et d’adaptation des moissonneuses-batteuses. « C’est bien mais cela ne permettra pas d’augmenter le débit du chantier », considère Stéphane Blard. Il ajoute : « Malgré une récolte en vert, les semenciers nous disent que les entrepreneurs font du bon boulot, sans casse de grain. Mais il faut qu’ils soient conscients de nos problématiques et que l’on ne peut pas récolter trop tôt. »
Christophe Ledoux
Désormais à la retraite, Maurice Docher, ancien entrepreneur à Châteauneuf-de-Galaure, a reçu des mains de Stéphane Blard le diplôme d’honneur et la médaille du mérite de la FNEDT. ©EDT26_07