Focus sur trois outils d’aide à la décision en agriculture
Trois agriculteurs accompagnés par la chambre d’agriculture de la Drôme se sont dotés d’outils d’aide à la décision. Ils nous expliquent pourquoi

OptiProtect : « pour la HVE et la nouvelle Pac »
Développé en partenariat avec Arvalis - Institut du végétal, l’outil d’aide à la décision OptiProtect offre une prévision quotidienne des stades de blés (épi 1 cm, 1 nœud, 2 nœuds, dernière feuille ligulée, épiaison, floraison) et des risques de contamination pour cinq maladies essentielles (piétin verse, rouille jaune, septoriose, rouille brune, fusariose). En outre, il aide au déclenchement des traitements pour la septoriose, rouille brune et fusariose. L’outil repose sur la combinaison de deux modèles pour la prévision des stades et des maladies : des données agronomiques personnalisées (type et travail de sol, date de semis, variété) et une météo spatialisée à la parcelle.
« J’ai fait le choix d’OptiProtect car je souhaite passer en certification HVE (haute valeur environnementale) en vue de la nouvelle Pac et de la mise en place des écorégimes », explique Thierry Héraud, exploitant à Châteauneuf-sur-Isère.
À Châteauneuf-sur-Isère, Thierry Héraud vient tout juste de s’équiper d’OptiProtect. Son exploitation compte 60 hectares répartis cette année ainsi : 15 ha de blé tendre protéiné et de blé dur, 15 de tournesol semence, une dizaine de soja destiné à la consommation humaine, 4 de maïs semence, 8 d’orge et le reste en sorgho et pois fourrager. S’ajoute un élevage de 400 têtes de veaux de boucherie. « J’ai fait le choix d’OptiProtect car je souhaite passer en certification HVE (haute valeur environnementale) en vue de la nouvelle Pac et de la mise en place des écorégimes », explique-t-il. L’OAD OptiProtect lui a été présenté et conseillé alors qu’il suivait une formation sur la HVE organisée par la chambre d’agriculture de la Drôme. « C’est un moyen de faire plus attention à ce que l’on fait pour essayer de consommer moins et mieux d’intrants », confie-t-il. A ce jour, il n’a pas encore de recul sur cette OAD. « Nous allons le tester cette année pour la première fois », souligne-t-il. Optiprotect est intégré à l’application Mes Parcelles et Thierry Héraud utilise aussi Net-Irrig.
Net-Irrig : « pour maîtriser nos coûts d’irrigation »
Net-Irrig propose un bilan hydrique élaboré à la parcelle en tenant compte des informations de l’exploitation (localisation, type de sol, cultures…) et des données climatologiques locales issues de stations météos. Du 1er mars au 31 décembre, cet outil permet de prévoir les périodes à risques des cultures, d’assurer une sécurité vis-à-vis de la production et d’optimiser les volumes et réserves en eau (calcul de la réserve utile par type de sol, positionnement des tours d’eau). Les informations sont restituées sous forme graphique incluant un prévisionnel des besoins hydriques. Grâce aux économies d’eau et d’énergie, les coûts d’irrigation sont maîtrisés et la traçabilité des pratiques irrigation est garantie, ce qui permet de répondre aux exigences réglementaires et de certification comme la HVE.
Avec Net-Irrig, « notre objectif principal est de faire des économies d’eau en sachant quand déclencher et stopper au mieux les irrigations », indique Maxime Albrand, exploitant à La Laupie.
À La Laupie, Maxime Albrand et son père ont fait l’acquisition de Net-Irrig en 2021. Sur les 115 hectares (ha) de leur exploitation (EARL Albrand), l’assolement cette année est le suivant : 40 à 45 ha de blé tendre et dur, 12 de lavandin, entre 15 et 20 de maïs semence, autant en tournesol semence, environ 10 d’ail semence et 5 en tomate industrielle. Les cultures de printemps sont irriguées, ce qui représente une soixantaine d’ha et une consommation d’eau en 2021 (année à forte pluviosité) de 90 000 mètres cubes (réseau Rhône complété par deux forages). « L’an dernier, nous avons opté pour Net-Irrig sur les conseils d’Aurore Magnon, conseillère à la chambre d’agriculture de la Drôme, indique Maxime Albrand. Nous avons donc testé cet OAD en 2021 et la mise en route a été facile. Notre objectif principal est de faire des économies d’eau en sachant quand déclencher et stopper au mieux les irrigations. » Une fois les caractéristiques de l’exploitation saisies dans l’application intégrée à Mes Parcelles, Maxime Albrand peut actualiser les données depuis son smartphone. « C’est très pratique, avec les graphiques on peut facilement surveiller les besoins en eau des cultures, souligne-t-il. On peut ainsi avoir un pilotage fin. Par exemple, sur nos cultures de maïs semence, nous devons apporter plus d’eau en amont des castrations afin d’être tranquille pendant cette opération. Globalement, Net-Irrig nous permet d’arroser mieux et au bon moment. »
Mes Satimages : « pour ajuster au mieux l’apport d’azote »
Outil de pilotage à l’échelle de la parcelle, Mes Satimages génère des cartes de préconisation des apports d'azote. La plante n’est plus en « sur » ou « sous » fertilisation grâce à des apports optimisés pour réaliser les meilleurs rendements tant quantitatifs que qualitatifs (taux de protéine). L’outil sécurise ainsi les marges. Avec Mes Satimages, il est possible d’ajuster le dernier apport d'azote au potentiel de rendement de l'année, tout en respectant la réglementation en vigueur de la directives Nitrates. En effet cet OAD est labellisé comme outil de pilotage, permettant de déplafonner la dose prévisionnelle calculée par la méthode des bilans. Ainsi, si votre blé nécessite plus d'azote que prévu pour garantir son rendement et son taux de protéine, vous pourrez réaliser l'apport nécessaire sans risque de pénalité en cas de contrôle.
« Comme nous sommes en zone vulnérable aux nitrates, Mes Satimages me permet d’ajuster au mieux la dose d’azote, principalement lors du dernier apport », confie Antoine Combedimanche, exploitant à Chabeuil.
À Chabeuil, Antoine Combedimanche exploite en individuel 115 hectares (ha) : 24 de blé dur, 20 de blé tendre, 35 de maïs semence, 20 de tournesol semence, 8 de colza semence ainsi que 5 de luzerne. S’ajoutent des bandes tampons et des jachères. Equipé de l’OAD Mes Satimages, il l’utilise principalement sur ses cultures de blé dur. « Comme nous sommes en zone vulnérable aux nitrates, un plan de fumure est nécessaire, explique-t-il. Mes Satimages me permet d’ajuster au mieux la dose d’azote, principalement lors du dernier apport afin de respecter la réglementation et de satisfaire au mieux les besoins de la plante pour obtenir une teneur en protéines optimale. » Un paramétrage est fait avec la conseillère de la chambre d’agriculture en début de campagne, en fonction notamment des précédents de cultures. Antoine Combedimanche considère que cet OAD est « utile, vite rentabilisé et simple d’utilisation ».
Pour tout renseignement sur ces trois OAD, contactez la chambre d’agriculture de la Drôme au 04 75 82 40 23.
Point de vue / Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture.
« En fonction de la physionomie d’une exploitation, les outils d’aide à la décision peuvent s’avérer très utile. D’abord, sur le plan économique, compte tenu de l’augmentation du coût des intrants, c’est hyper important d’apporter juste ce qu’il faut. Il en est de même sur le plan environnemental pour apporter la juste dose. Ainsi, l’investissement dans un OAD peut vite être rentabilisé. Enfin, il est utile de montrer à la société, et surtout à nos détracteurs, que les agriculteurs sont en pointe techniquement. En tant que président de la chambre d’agriculture, je fais des OAD une des priorités de cette mandature. »