Gel’Pam Ardo : une industrie au plus près des producteurs
Installé depuis trente-deux ans dans la campagne de La Garde-Adhémar, Gel’Pam Ardo est spécialisé dans la surgélation d’herbes aromatiques. L’industrie travaille en direct avec des producteurs du secteur et souhaite en intégrer de nouveaux.

Ancien producteur de plantes à parfum, aromatiques et médicinales, Claude Diémoz est à l’origine de la création de la société Gel’Pam en 1992, une industrie spécialisée dans la surgélation d’herbes aromatiques fraîches. « Le groupe belge Dujardin Foods a ensuite racheté la société, avant qu’elle soit intégrée en 2014 au groupe belge Ardo », explique Florent Viéville, directeur de site. Le groupe Ardo compte aujourd’hui dix-sept sites de production, dont cinq en France. L’usine drômoise, implantée sur 12 000 m², fait partie des quatre à s’être spécialisée dans les herbes aromatiques, les autres étant spécialisées dans les légumes. « Ici, notre volume de production représente environ 5 000 tonnes d’herbes fraiches par an, et se concentre autour de neuf espèces (persil, menthe, coriandre, aneth, thym, romarin, origan, sauge) dont une pionnière, le basilic (60 % de la production) », poursuit-il.
Avant la surgélation à - 42 °C, les plantes aromatiques sont lavées et désinfectées pour éliminer tout résidu étranger. ©Gel'Pam Ardo
Pour assurer une qualité des herbes, la société Gel’Pam Ardo s’attache à ne travailler qu’avec des producteurs du secteur, à moins de 60 km de l’usine. « Nous travaillons aujourd’hui avec une soixantaine de producteurs de la Drôme (sud de Valence et est de Montélimar, bassin de Saint-Restitut) et du Nord-Vaucluse sur près de 200 hectares, afin d’assurer au maximum la fraîcheur des herbes aromatiques et d’éviter le gaspillage », prévient Florent Viéville. Avant de lancer un appel : « Nous aimerions intégrer de nouveaux producteurs pour répondre à notre volume de production, notamment sur les plantes symboliques de notre secteur, à savoir le thym et le romarin ».
Des contrats annuels ou pluri annuels
Gel’Pam Ardo propose ainsi des contrats annuels pour les cultures de basilic et de persil, à la mise en place des cultures. Pour les plantes plus pérennes (thym, romarin), les contrats sont établis sur quatre à cinq ans. « Le producteur est assez sécurisé au niveau de la rémunération, puisqu’on tient à assurer un minimum de retour sur investissement. Aussi, nous disposons d’une “caisse mildiou”, réserve utilisée si besoin pour combler les problématiques en basilic qui ne seraient ni de la responsabilité des producteurs, ni de la nôtre ».
De plus, les producteurs travaillant en partenariat avec Gel’Pam Ardo bénéficient du soutien permanent de trois agronomes salariés de l’entreprise, William Gil, Mathilde Mahieu et Adèle Gheysen. « Nous assurons le suivi de A à Z des parcelles de nos producteurs, en leur apportant un conseil technique. Aussi, nous faisons nos propres choix variétaux et achetons nous-mêmes les semences, afin de répondre précisément à nos besoins de production. Aujourd’hui, nous travaillons dans une dynamique de confiance avec nos producteurs », assure William Gil, responsable du service agronomie.
Adhérente à l’Iteipmai*, la société Gel’Pam travaille chaque année sur des programmes expérimentaux en termes d’utilisation de fongicides, d’outils mécaniques ou encore de choix variétaux. « Nous sommes très attentifs à l’utilisation des produits phytosanitaires car nous souhaitons réduire au maximum notre impact sur l’environnement. Nous avons d’ailleurs mis en place au sein du groupe de nombreux projets axés sur la qualité, la santé, la sécurité et l’environnement, comme le projet Mimosa + (lire par ailleurs, ndlr) », indique le directeur.
Une équipe d’agronomes au service des producteurs
En complément du suivi des cultures au champ par l’équipe d’agronomes et des producteurs, les travaux de semis, binage et récolte se font par le biais d’une entreprise de travaux agricoles. « Nous disposons de notre propre matériel, ce qui signifie que les producteurs ne s’occupent pas de ces parties-là », indique Florent Viéville. « Les producteurs gèrent quant à eux l’entretien des cultures, l’irrigation et la gestion de l’enherbement, avant chaque récolte », précise William Gil.
À réception des herbes aromatiques à l’usine, ces dernières sont lavées, désinfectées et essorées afin d’enlever le maximum de corps étrangers, avant de passer dans un tunnel de surgélation à - 42 °C. Les plantes sont ensuite calibrées (de 0 à 6 mm pour répondre à un cahier des charges précis) puis conditionnées dans des cartons de 10 kg et plus. Avant expédition, les herbes sont stockées sur place, dans une pièce froide à - 20 °C. Commercialisés auprès de grands industriels, les produits de Gel’Pam Ardo sont également prisés par une forte clientèle locale, avec entre autres le pastier Saint Jean, Pierre Martinet, Magda...
Une usine en pleine recherche de développement
Si les deux lignes de production de l’usine fonctionnent de la mi-avril à la fin novembre, elles restent ensuite à l’arrêt complet. Les dirigeants de Gel’Pam Ardo réfléchissent alors à des idées de développement : « Nous avons la volonté de trouver d’autres cultures, qui pourraient se rapprocher de notre technologie actuelle et qui comblerait les périodes creuses de l’hiver. Toutefois, il faut que cela corresponde à un besoin de marché : c’est bien de produire, mais pour qui ? », s’interroge le directeur de site.
En attendant de trouver d’autres débouchés, Gel’Pam Ardo affirme sa présence sur la commune de La Garde-Adhémar en se portant mécène pour Le Jardin des Herbes pour trois ans, à hauteur de 12 000 € par an. « Nous avons un rôle à jouer au niveau local d’autant plus que nous défendons le respect de l’environnement et la préservation des dons de la nature », conclut Florent Viéville.
Amandine Priolet
* Iteipmai : institut technique interprofessionnel des plantes à parfum, médicinales, aromatiques et industrielles.
Gel’Pam Ardo en chiffres
Date de création : 1992.
Date de rachat par le groupe Dujardin Foods : 2001.
Intégration dans le groupe belge Ardo : 2014.
Nombre de producteurs : 60 environ.
Nombre de surfaces d’herbes aromatiques plantées : 200 hectares (dont 120 ha de basilic).
Nombre d’espèces d’herbes aromatiques produites : 9.
Personnels présents : 38 salariés permanents et 40 saisonniers.
Usine : 12 000 m² de bâtiment.
Capacité de production : 6 000 t / an.
Capacité de stockage : 7 500 palettes.
Le projet Mimosa +, pour minimiser l’impact sur l’environnement

Programme mis en place au sein du groupe belge Ardo depuis 2011, Mimosa+ (Minimum Impact, Maximum Output Sustainable Agriculture) vise à réduire l’impact des pratiques et des intrants sur l’environnement en maximisant le rendement et la qualité des cultures. « Chaque usine du groupe développe, au sein de ce programme, divers projets en fonction de sa zone géographique, des cultures, des techniques et des pratiques agricoles. Ici, nous avons fait le choix de travailler principalement sur la santé des sols, ce qui est pour nous la base de tout », explique Mathilde Mahieu, responsable agronomique adjointe à Gel’Pam.
Spécialisée dans les herbes aromatiques, l’usine drômoise fait face à un manque de données sur des cultures comme le basilic ou encore le persil. « Par rapport à d’autres cultures, nous avons très peu de références sur le sujet. Ce sont en quelque sorte des cultures de “niche”. On profite donc du financement du projet Mimosa+ pour acquérir des données. Pour cela, nous travaillons en partenariat avec des techniciens de la chambre d’agriculture de la Drôme, Cédric Yvin (conseiller spécialisé PPAM), Marie-Pascale Couronne (conseillère agro-environnement), et François Dubocs (conseiller irrigation). Depuis deux ans, nous réalisons des essais chez des producteurs de Gel’Pam, en faisant notamment des analyses de sol. L’idée est de restaurer les équilibres du sol, le rendre plus fertile et donc plus résilient pour la santé des plantes. Cela permet ainsi à terme de diminuer les intrants (engrais, produits phytosanitaires, ressource en eau…). Des prélèvements de basilic sont également réalisés avant chacune des coupes pour faire des analyses foliaires et évaluer le rendement », prévient l’agronome.
Et d’ajouter : « Cette année, nous avons mis en place des essais irrigation à Montboucher-sur-Jabron et Cléon-d’Andran. Nous avons installé, sur deux parcelles de basilic, des sondes Weenat afin d’avoir des références sur les besoins en eau de la plante », poursuit-elle. Dès restitution des premiers résultats, la chambre d’agriculture de la Drôme anime des formations pour les producteurs de Gel’Pam afin d’améliorer leurs connaissances sur les propriétés du sol et les exigences des cultures.
A. P.