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RACE RUSTIQUE

Il choisit de s’installer comme éleveur de Highland Cattles

Réputée pour valoriser les pâturages pauvres des zones les plus reculées d’Écosse, la vache Highland Cattle pourrait-elle venir au secours des territoires drômois délaissés par les ovins pour cause de prédation ? C’est une des pistes explorées par Christophe Roche qui est en train de constituer son troupeau.

Il choisit de s’installer comme éleveur de Highland Cattles
Pour l’instant Christophe Roche a accès à une vingtaine d’hectares de landes et prairies sur Beauvoir-en-Royans (38) et vient d’en acquérir quatre sur Montmiral. ©AD26-S.S.

Il a posé début décembre ses valises et son troupeau à Montmiral, où il vient d’acheter avec sa compagne une bâtisse entourée de quatre hectares. Christophe Roche, 35 ans, est à la tête d’un petit cheptel de 25 bêtes de race Highland Cattle. « J’ai toujours eu l’envie de devenir éleveur. Mais n’étant pas issu du monde agricole, il me fallait trouver un projet nécessitant peu de capitaux et de foncier », résume le jeune homme. Avant de franchir le pas, il a d’abord tâté d’autres univers. Diplômé d’une école d’ingénieur en agriculture lyonnaise et d’un master en sciences pour l’environnement, Christophe Roche fait ses armes professionnelles sur le marché international du carbone. Quelques mois passés aux Nations Unies sur ce sujet le conduisent ensuite vers l’Afrique pour accompagner des projets de développement « propres » qui permettent aux pays concernés de revendre des crédits carbone aux pays industriels. « En rentrant en France, après quatre années, je souhaitais démarrer mon projet agricole. En prévision, il me fallait sécuriser mon revenu. J’ai donc travaillé encore trois ans en CDI comme conducteur de travaux ferroviaires, le temps d’investir dans l’immobilier locatif sur Valence et de me créer un revenu complémentaire », explique l’éleveur.

Pas besoin de bâtiment

En 2018, il est prêt pour amorcer sa reconversion. Mais trouver du foncier s’avère compliqué. Via un site d’annonces en ligne connu, il déniche 2 hectares totalement embroussaillés à Beauvoir-en-Royans (38), avec cerise sur le gâteau un accès à l’eau. Il achète ses premières Highland, trois vaches et un taureau. « Ce choix de race était pour moi une évidence. Leur rusticité me permettait de démarrer sans bâtiment et de valoriser des terrains qu’aucun autre éleveur ne voulait », justifie Christophe Roche. Des terrains à flanc de Vercors, souvent à l’abandon, désertés par les éleveurs ovins et caprins fuyant le loup. Au fil du temps, il accède à une vingtaine d’hectares de prairies et landes sur ce secteur du Royans. Quant au risque de prédation [le loup a déjà été aperçu à proximité de ses parcelles], il est pour l’instant assez confiant. « J’ai pu constater que certaines de mes bêtes ont conservé un instinct de défense pour protéger le troupeau », confie le jeune éleveur.

Premier prix en catégorie « vache adulte »

Depuis trois ans, il sillonne la France et l’Allemagne à la recherche de lignées intéressantes pour constituer son troupeau. Il est aussi entré au conseil d’administration de la « French Highland Cattle Society », association qui représente la race en France (lire ci-dessous). Son envie : travailler au développement d’un organisme de sélection de la Highland Cattle. En septembre dernier, il a présenté quatre bêtes au concours national de la race à Cusset (03). Toutes ont obtenu un prix, dont le premier en catégorie « vache adulte » pour Mangue de Bellecour, achetée à un éleveur de l’Allier.

En ce début d’année, il accueille sur sa ferme deux taureaux de neuf et vingt mois et quatre génisses sélectionnés dans trois élevages outre-Rhin. « L’Allemagne est passée première en nombre d’éleveurs, devant l’Ecosse. Le plus grand show d’Europe de la race est d’ailleurs organisé à Cloppenburg », signale l’éleveur drômois. Pour ces nouveaux reproducteurs, il a choisi des animaux en adéquation avec ses perspectives de débouchés : un taureau de lignée 100 % écossaise, davantage typé concours pour remporter des prix et vendre de la génétique ; un second de lignée « plutôt allemande », avec un beau développement musculaire pour produire de la viande en valorisant bien les terrains peu riches. « J’envisage trois débouchés pour mon élevage : la vente de reproducteurs d’un an, la vente directe de viande et éventuellement, si la demande se confirme, la vente comme animaux d’agrément », détaille Christophe Roche. Un troisième taureau, d’une lignée purement écossaise (lire ci-dessous), devrait aussi rejoindre Montmiral en mai prochain.

Un minimum de charges

En 2022, il vendra ses premiers colis en faisant appel pour la découpe à un boucher de Saint-Romans (38). « La Highland est un animal à croissance lente. Il faut quatre ans pour obtenir une bête prête. Mais la viande est réputée pour la finesse de sa fibre musculaire, son faible taux de cholestérol, son goût plus prononcé... », précise-t-il.

Il espère compenser en prix de vente ce qui sera perdu en volume compte tenu du petit gabarit de l’animal. Sans oublier l’objectif qui a orienté le choix de cette race : travailler avec le moins d’intrants possibles, sans investir dans un bâtiment et en limitant le matériel au strict minimum, un tracteur, une bétaillère et peut-être une chambre froide. « Je projette dans un premier temps d’atteindre 12 mères, soit 35 à 40 bêtes en permanence, élevées uniquement à l’herbe, avec peut-être une part de foin achetée à l’extérieur, précise l’éleveur. L’idée est de capter le maximum de valeur en réduisant les charges à leur minimum ». Il lui reste à trouver de nouveaux terrains, même à reconquérir. La Highland, habituée aux conditions les plus rudes, est prête à relever le défi.

Sophie Sabot

Mangue de Bellecour, une des vaches acquises par Christophe Roche, s’est classée première en catégorie « vache adulte » au concours national de la race en septembre dernier dans l’Allier. ©AD26-S.S.

Un taureau prestigieux va rejoindre l’élevage de la Roche

Un taureau prestigieux va rejoindre l’élevage de la Roche
Seamus of Allanfearn © Manuel Ottinger - Highland Cattle vom Zacherhof

« Je viens de finaliser l’achat d’un taureau issu d’une lignée prestigieuse écossaise qui devrait rejoindre mon élevage en mai prochain », annonce Christophe Roche. Seamus of Allanfearn, bientôt cinq ans, est né en Écosse. Il y a obtenu le premier prix dans sa catégorie lors de l’édition 2019 du « Oban spring show and sale », évènement phare de la race Highland Cattle. Il a ensuite été acheté en copropriété par deux éleveurs allemands [Highland Cattle vom Zacherhof et Highlands vom Diebeskamm, dont les pages Facebook regorgent de photos du taureau en question] et obtenu encore plusieurs prix. Après trois saisons de reproduction, les éleveurs allemands viennent d’accepter de le céder à l’élevage de la Roche. « C’est un prestige que d’avoir un taureau qui a gagné des prix à Oban et en Allemagne. Et surtout, c’est une très bonne génétique qui va permettre de faire progresser mon élevage », estime l’éleveur drômois.

Cinq éleveurs drômois dans la French Highland Cattle Society

Créée en 2008, la French Highland Cattle Society regroupe près de 140 éleveurs, dont cinq en Drôme. Cette association a pour mission, entre autres, de développer et promouvoir la Highland en France, d’en définir les caractéristiques et certifier l’appartenance ou non d’un animal à cette race, d’établir et gérer les schémas de sélection, la grille de qualification des reproducteurs… Elle a par ailleurs la responsabilité de la tenue du livre généalogique et délivre les documents officiels certifiant les informations relatives à chaque reproducteur.

En bref

Les standards de la race

La Highland Cattle est une vache de petit format (600 à 850 kg pour les mâles et 400 à 650 kg pour les femelles). Ses cornes et son poil long (plus ou moins 33 cm) sont des signes distinctifs. Côté couleur, on trouvera majoritairement du rouge ou du noir. De nombreuses variantes sont aussi acceptées : le marron, le jaune, le blanc, le bringé, le louvet et le louvet argenté.

A savoir, l’arrêté du 25 septembre 2018 relatif à l'enregistrement et à la certification de la parenté des bovins inscrit la Highland Cattle comme une des 53 races bovines reconnues en France (à titre d’exemple la Galloway, originaire elle aussi d’Ecosse ne figure pas sur cette liste). 

Une viande réputée

« La viande des bovins Highland est d’excellente qualité et bien persillée. Son grain est fin, sa teneur en cholestérol est très faible », assure la fédération des éleveurs de bovins du Québec. « Même si leur potentiel de croissance demeure modeste, les Highland utilisent efficacement tout genre de fourrage », soulignent encore nos cousins québécois qui apprécient également cette race pour « son fort instinct maternel et son exceptionnelle longévité ».