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Colère agricole

« Il est urgent d'apporter enfin du concret dans les cours de fermes »

Un rassemblement d'une cinquantaine d'agriculteurs et de tracteurs s'est déroulé le jeudi 14 novembre à Tain-l'Hermitage. Objectif : obtenir la pérennisation du dispositif TO-DE et dénoncer la lenteur du Gouvernement dans la mise en œuvre des promesses de février.

« Il est urgent d'apporter enfin du concret dans les cours de fermes »
Des élus départementaux et des députés européens, dont Marion Maréchal sont sur place. Aucun blocage de la circulation n'est prévu mais une rencontre avec des élus. ©CL-AD26

La France veut-elle encore de ses paysans ? C'est la question qu'ont posé les Jeunes Agriculteurs de la Drôme (JA 26) en organisant, avec la FDSEA, une action syndicale le 14 novembre à Tain-l'Hermitage. Plusieurs élus ont répondu à l'appel parmi lesquels les députés de la Drôme Paul Christophle (PS) et Thibaut Monnier (RN), le président d'Arche Agglo Frédéric Sausset, le conseiller départemental Michel Brunet ou encore le maire de Tain-l'Hermitage Xavier Angeli. Mais la figure politique la plus marquante a été celle de Marion Maréchal, députée européenne RN et présidente du parti Identité-Libertés, laquelle « s'est invitée à la dernière minute », ont tenu à préciser JA 26.

Que les promesses soient enfin tenues

Tout autour du rond-point situé aux abords de l'entrée de l'autoroute A7, des tracteurs et au centre des agriculteurs et des élus. « Nous ne sommes pas là aujourd'hui pour bloquer l'autoroute mais pour faire avancer nos revendications, a prévenu Jean-Philippe Banc, président du CCJA de Tain. La colère est énorme. Nous ne demandons rien de nouveau mais simplement que les promesses faites depuis février soient immédiatement transformées en réponses concrètes dans les semaines qui viennent. Il est urgent d'apporter enfin du concret dans les cours de fermes. »

« Notre action a pour but de dénoncer la lenteur du Gouvernement dans la mise en œuvre des promesses de février », renchérit Vladimir Gauthier, président de JA 26. 

TO-DE, normes, phytos, Mercosur

Parmi les priorités, la pérennisation du dispositif TO-DE de réduction des charges sociales sur les emplois saisonniers. « Nos responsables FNSEA et JA ont fait un boulot énorme pour que le TO-DE soit pérennisé dans de bonnes conditions. Des réponses positives ont été apportées par le Gouvernement et les députés dans le cadre du projet de loi de finances 2025 actuellement en débat. C'est en bonne voie mais rien n'est encore gagné tant que ce n'est pas voté », a-t-il prévenu.

D'autres revendications restent sans réponse, estiment les agriculteurs. « Nous voulons du concret très rapidement sur la fin de la surtransposition des normes, la levée des interdictions de produits phytosanitaires en l'absence de solution alternative », a indiqué Jean-Philippe Banc.

L'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur est aussi un point de très forte crispation. « On ne peut pas en même temps prôner la souveraineté alimentaire avec des normes sévères ici en Europe et ouvrir les frontières à des importations à bas coûts de produits issus de procédés interdits en Europe », ont indiqué les responsables JA. S'il voyait le jour, cet accord prévoit d'amener sur le marché européen 99 000 tonnes de viande bovine, 180 000 t de viande de volaille, 190 000 t de sucre et 8 millions d'hectolitres de carburants d'origine agricole.

Des élus qui affirment leur soutien

Tous les élus présents ont apporté leur soutien aux revendications des agriculteurs. « On n'arrivera pas à développer un marché ici qui fonctionne si la concurrence n'est pas soumise aux mêmes normes », a déclaré le député Paul Christophle au sujet du Mercosur. Sur le TO-DE, « on a franchi une seule étape et il faudra veiller que le Sénat maintienne le texte », a-t-il indiqué. 

« Nous avons soutenu la prolongation, l'amélioration et l'élargissement aux Cuma du TO-DE, a assuré le député Thibaut Monnier. Votre mobilisation est essentielle pour aboutir. »

La députée européenne Marion Maréchal, elle, a estimé « déraisonnable d'avancer vers un nouvel accord de libre-échange en particulier avec les pays d'Amérique latine qui importeront des produits agricoles dont on ne peut pas garantir la traçabilité. Ce n'est pas être pour ou contre le libre-échangisme ou le protectionnisme par principe mais selon les pays et les secteurs, on doit pouvoir choisir, a-t-elle ajouté. Il devrait y avoir une exception agricole qui sorte l'agriculture des traités de libre-échange. »

« La mer des batailles, c'est la rémunération »

À l'issue de ces échanges, quelques agriculteurs ont témoigné de leurs difficultés, réaffirmant la nécessité de protéger l'agriculture et de lever les entraves à la production. Régis Aubenas, représentant la FDSEA, a longuement expliqué le « travail syndical de fourmis » mené depuis des mois sur le TO-DE, sur la compétitivité des exploitations agricoles, sur la surtransposition des normes, sur les concurrences déloyales… « La mer des batailles, c'est la rémunération, a-t-il dit. On est pas là pour faire de la démagogie. »

 

À l'issue des échanges, les agriculteurs se sont rendus en tracteurs vers le centre-ville de Tain-l'Hermitage. Là, devant la mairie, ils ont déposé un cercueil sur lequel a été déposée une gerbe avec cette inscription : « À notre agriculture ». Plusieurs panneaux ont aussi été installés rappelant entre autres aux passants que « l'agriculture est une richesse indispensable dans un pays endetté ». Le maire de ville s'est engagé à laisser tout cela en place jusqu'à la fin novembre.

Christophe Ledoux

 

Photos de la mobilisation agricole du 14 novembre à Tain-l'Hermitage