L’attribution préférentielle, solution pour maintenir l’unité de l’exploitation

L'attribution préférentielle permet de maintenir un bien dans la famille, d'éviter un morcellement. C'est une modalité de partage qui consiste à remettre un bien à l'un des indivisaires. A charge éventuellement pour le bénéficiaire de verser une soulte aux autres héritiers si la valeur du bien attribué dépasse la part qu'il aurait dû recevoir. Elle est régie par les articles 831 et suivants du code civil.
Le bénéfice de l'attribution préférentielle peut être demandé auprès du notaire en charge de la succession, dès l'ouverture de la succession ou lors de l'acte de partage. Les conditions exigées pour en bénéficier sont :
- le fait d'avoir exploité ou d'exploiter les parcelles dont vous demandez l'attribution ;
- et d'être conjoint ou héritier du propriétaire des biens.
Le bénéfice de l'attribution préférentielle peut porter sur une partie du domaine, dès lors qu'il s'agit de maintenir la poursuite de l'entreprise agricole du requérant. Sachez qu'il existe différentes formes d'attribution préférentielle : en propriété ou en jouissance.
L'attribution préférentielle en propriété peut être demandée :
- pour exploiter. Dans ce cas, il faut distinguer suivant l'importance de l'exploitation. Il s'agit de prendre en compte tous les biens exploités, que vous en soyez propriétaire ou preneur, y compris ceux dont vous réclamez l'attribution.
Si la surface de l'exploitation est supérieure à 36 hectares pour le département de la Drôme, l'attribution préférentielle est facultative. C'est-à-dire qu'elle est subordonnée à la libre appréciation du tribunal en cas de désaccord sur le partage. Si la surface de l'exploitation est inférieure à 36 hectares, l'attribution préférentielle est de droit. Le juge n'a pas le pouvoir de la refuser. Précisons toutefois que la jurisprudence semble refuser l'attribution préférentielle de droit qui ne porte que sur une partie d'exploitation.
Sachez enfin que cette attribution n'oblige pas le bénéficiaire à exploiter le bien par la suite.
- pour constituer un GFA. Cette modalité permet par exemple de maintenir l'unité d'exploitation sans imposer à l'héritier exploitant le paiement d'une soulte à ses cohéritiers.
-ou pour donner à bail. L'attribution est subordonnée à la conclusion d'un bail long terme à l'un des héritiers ou leurs descendants exclusivement.
L'attribution en jouissance consiste en la concession d'un droit de jouissance sur l'exploitation par l'octroi d'un bail long terme. Cette forme d'attribution présente plusieurs avantages :
- l'assurance de conserver la jouissance des biens ;
- la réduction des charges financières ;
- l'octroi d'un droit de préemption en cas de vente.
Sachez qu'en cas de pluralité de demandes, ou de désaccord pour l'attribution préférentielle, il reviendra au juge de déterminer le bénéfice des attributions suivant les intérêts en présence et l'aptitude à gérer le bien.
Votre demande devra alors être portée devant le tribunal de grande instance du lieu d'ouverture de la succession.
Le service juridique rural de la FDSEA 26, Nathalie Kotomski