L’optimisation de chantiers en commun, une histoire d’organisation
Depuis 2018, Jean-Jacques Bayle est président de la Cuma de Boisset Saint-Priest (Loire). Avec David Réal à ses côtés comme vice-président, il dévoile son organisation au sein de la structure, notamment pour optimiser la récolte d’herbe et, accessoirement, de maïs.

Jean-Jacques Bayle est éleveur à Lézigneux (Loire), au sein du Gaec des Essarts. Son exploitation s’étend sur une surface de 207 hectares et comprend 70 vaches laitières et 30 allaitantes. Président de la Cuma de Boisset-Saint-Priest depuis 2018, il est épaulé par David Réal, vice-président, qui dirige l’EARL du Bresson, située sur la même commune. Il possède entre 65 et 70 vaches laitières, sur une surface de 125 hectares.
Historiquement dédiée aux battages, la Cuma s’est développée en 1978 avec l’ensilage, grâce à l’achat de la première automotrice. « Au départ, seule la commune de Boisset-Saint-Priest était concernée. Mais à l’acquisition de l’ensileuse, le secteur de la coopérative s’est élargi pour prendre désormais en compte un rayon d’environ quinze kilomètres autour de l’EARL du Bresson. » Aujourd’hui, sur une quarantaine d’adhérents, une quinzaine est « bien impliquée, se sert régulièrement du matériel et fait le gros du chiffre d’affaires ».
Une organisation bien ficelée,
Si Jean-Jacques Bayle gère la partie administrative et les sinistres, David Réal s’occupe de l’activité ensilage, en plus d’être responsable technique et de matériel (une automotrice, deux groupes de fauche, une faucheuse traînée de 3 mètres, sept bennes et deux andaineurs à tapis). En revanche, la Cuma ne dispose pas de charrue, ni de matériel pour les clôtures ou encore de tracteur et de moissonneuse. « Pour le reste, on a tout et quasiment en double », soulignent les deux hommes. À leurs côtés, le trésorier, Jean-Michel Perrache, s’occupe logiquement de la partie comptable et des factures. Pascal Mure est, quant à lui, responsable de l’épandage fumier. Le président de la Cuma apprécie cette organisation bien ficelée, où « tout le travail est bien réparti et ne pèse pas que sur un seul homme. Chacun a ses fonctions ! »
La coopérative n’a actuellement pas de salarié. Elle fait néanmoins appel depuis cinq ans à un prestataire de services, « uniquement pour l’ensileuse. Il fait la conduite et le quotidien pendant la période de récolte. »
La banque de travail, une solution fiable et efficace
Pour optimiser les différents chantiers en commun, la Cuma peut se targuer d’avoir trouvé son rythme de croisière. Récemment acquis, les groupes de fauche et l’andaineur permettent un gain de temps considérable au niveau de l’ensileuse. « On ramasse 9 mètres d’un coup, donc plus d’hectares en une journée, voire sur une fenêtre de temps bien plus limitée. » Aussi, selon Jean-Jacques Bayle, le fait de posséder tout ou majorité du matériel en double évite de perdre de temps. D’autant que « tout est acheté, afin de prétendre aux subventions. On n’a rien en leasing. »
L’efficacité organisationnelle de ce système repose en grande partie sur la banque de travail, mise en place depuis une dizaine d’années au sein de la Cuma. Comment fonctionne-t-elle ? Il s’agit d’une comptabilité basée sur des points, acquis ou dus, appliqués à la main-d’œuvre et au matériel. Une fois la tâche effectuée, la mission comme le temps passé (convertis en points, NDLR) sont notés sur un carnet. À la fin de l’année, ces données sont intégrées dans un logiciel qui dresse un bilan de l’équilibre des comptes de chacun des utilisateurs. Il permet de veiller à ce que personne n’abuse du système ou ne soit lésé en faisant le point avec les personnes excédentaires ou déficitaires sur la banque de travail.
« Un moyen juste et bien calibré »
À titre d’exemple, sur un laps de temps d’une heure, la « main-d’œuvre » équivaut à 10 points, la « main-d’œuvre pénible » à 13 points ; le « tracteur travail léger » représente 22 points, alors que le « tracteur travail lourd » 32 points. « Tous les dimanches matin, on fait un planning pour la semaine. Cela permet de structurer les jours suivants, de connaître le nombre d’hectares à ramasser, mais aussi où se trouve le matériel et quand la personne doit le libérer. On fait en sorte que cet emploi du temps soit bien fait afin que du matériel soit toujours disponible en temps voulu. Il faut reconnaître que les adhérents jouent le jeu », développe David Réal. Jean-Jacques Bayle renchérit : « Cela fonctionne bien, on ne se sent aucunement redevable. C’est un moyen juste et bien calibré. »
À contrario de la récolte de maïs, la récolte d’herbe est la plus importante, selon les deux hommes car « ce sont les fourrages que l’on va donner toute l’année à nos animaux. Il doit être de qualité pour faire un lait à la hauteur. C’est une période où tous les adhérents sont stressés, parce qu’une fois l’herbe fauchée, on espère éviter la pluie. » En surface, la récolte d’herbe varie entre 350 et 360 hectares, pour quelque 135 heures. « On est sur une moyenne de 3 hectares récoltés à l’heure pendant le printemps, surtout sur une période de quinze jours. »