La FNSEA et JA sonnent l’heure de la mobilisation
A compter du 18 novembre, les agriculteurs sont invités à manifester devant les préfectures et les ronds-points, avenues et pont « de l’Europe ». Plusieurs thèmes seront déployés pendant un mois pour interpeller les Français. En Drôme, une mobilisation est organisée ce jeudi 14 novembre pour obtenir la pérennisation du dispositif TO-DE de réduction des charges sociales sur les emplois aisonniers.

« L’heure est à la mobilisation de l’ensemble des agriculteurs », ont lancé Arnaud Rousseau, président de la FNSEA et Pierrick Horel, président des JA, lors d’un point presse tenu mercredi 13 novembre à Paris. « Le coup d’envoi est fixé aux 18 et 19 novembre prochain pour une première phase, avec une grande latitude laissée aux fédérations départementales pour les modalités d’action », ont précisé les deux leaders syndicaux. Arnaud Rousseau a cependant insisté sur le caractère « responsable » de ces mobilisations. « Malgré toute la frustration qui parcourt les campagnes, il est important de s’abstenir de toute atteinte aux biens et aux personnes. Notre objectif n’est pas d’ennuyer les Français, mais bien de mettre la pression sur le gouvernement pour être entendus ».
A compter du 18 novembre, les agriculteurs sont appelés à manifester devant les préfectures et, symboliquement, sur les ronds-points et les avenues « de l’Europe ». Les premiers appels au rassemblement ont déjà eu lieu, comme dans le Loiret, où les agriculteurs vont organiser un barrage filtrant à Orléans, sur le pont de l'Europe. « Lors de cette première phase, nos réseaux vont prendre à témoin les Français sur les risques d’une Europe « passoire » incarnée par l’accord sur le Mercosur qui a été un déclencheur », a enchainé Pierrick Horel. « Nous voulons prendre les Français à témoin, sur la qualité de l’alimentation qui leur est garantie par leurs agriculteurs et sur les menaces qui pèsent sur elle. »
Dans la Drôme, une mobilisation est organisée ce jeudi 14 novembre à Tain-l'Hermitage pour obtenir la pérennisation du dispositif TO-DE de réduction des charges sociales sur les emplois aisonniers. Une cinquantaine d'agriculteurs et de tracteurs sont annoncés vers 11h30 au rond-point de l'autoroute. Aucun blocage de la circulation n'est prévu mais une rencontre avec des élus. Le cortège devrait ensuite se rendre devant la mairie de Tain-l'Hermitage pour y déposer un cercueuil, "en symbole de la mort " de l'agriculture, explique Jean-Philippe Banc, président du CCJA de Tain.
Une autre action devrait avoir lieu lundi 18 novembre au soir avec la mise en place d'un grand feu exprimant "le feu de la colère agricole et la détresse", indique Sandrine Roussin, présidente de la FDSEA de la Drôme. Le lieu n'est pas encore connu.
La bonne volonté c’est bien, les mesures, c’est mieux
Deux autres phases de mobilisation suivront, d’ici le 15 décembre, sur les thèmes du ras-le-bol des contraintes pesant sur l’agriculture puis sur la question des prix et des revenus, à la veille du lancement des négociations commerciales. « Les modalités d’action seront précisées ultérieurement », a précisé Arnaud Rousseau, qui a cependant évoqué l’hypothèse d’actions en direction de la grande distribution.
S’ils reconnaissent à Michel Barnier son « écoute » et « sa bonne volonté », les deux leaders syndicaux insistent sur l’urgence des décisions à prendre. La première est la concrétisation des mesures de trésorerie annoncées par la ministre de l’Agriculture Annie Genevard « qui doivent arriver dans les cours de ferme », a insisté Arnaud Rousseau. La suivante est la mise en œuvre de solutions de simplification à l’image de celles suggérées par les sénateurs Laurent Duplomb et Franck Menonville dans une proposition de loi qui sera débattue en décembre. Le syndicalisme majoritaire réclame également le rejet de l’accord avec le Mercosur et demande « des perspectives d’avenir » pour l’agriculture française promises par la loi d’orientation agricole aujourd’hui entre parenthèses. Le point de mire de ce mois de mobilisation est le bouclage du budget 2025 par le gouvernement. « Beaucoup de mesures et d’actions en dépendent », ont insisté Arnaud Rousseau et Pierrick Horel.
La rédaction
Manifestations de février : «justifiées» pour une majorité de Français
À l'occasion d'un sondage réalisé par l'Ifop pour Ouest-France et diffusé le 14 novembre, 88% des Français interrogés ont déclaré, début octobre, que le mouvement des agriculteurs de l'hiver passé était «justifié», un niveau similaire à celui observé face aux précédentes grandes mobilisations agricoles. Et les sondeurs de rappeler les taux d'adhésion à la mobilisation des éleveurs en 2009 (85%), en 2010 (92%), en 2015 (86%) et en 2016 (84%).
Par ailleurs, seulement 16% des personnes interrogées estiment que «le monde agricole a obtenu des avancées suffisantes» à l'issue de ces mobilisations. En entrant dans le détail, ils sont seulement 33% à penser que «certaines concessions et réponses qui ont été apportées aux agriculteurs par les pouvoirs publics sont synonymes de recul pour la défense de l'environnement». En tête des revendications perçues comme prioritaires pour le monde agricole : la rémunération (71% des répondants la classent en première ou seconde priorité), la concurrence étrangère (68%), la simplification (35%) et la hausse des aides pour accompagner les transitions environnementales (25%).