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SYLVICULTURE

« La société civile est relativement dure avec les propriétaires forestiers »

Début juin, l’association des forestiers privés de la Drôme, Fransylva 26, a tenu son assemblée générale à Saint-Jean-en-Royans. Le point sur les priorités des forestiers drômois avec son président, Daniel Audeyer.

« La société civile est relativement dure avec les propriétaires forestiers »
Daniel Audeyer (à g.), président de Fransylva 26, lors de l’assemblée générale aux côtés de Christian Morin, conseiller départemental, responsable de la filière bois et de Jacques Adenot, président, du parc naturel régional du Vercors. ©Fransylva 26

Un an après avoir pris la succession d’André Aubanel à la tête de Fransylva 26, Daniel Audeyer s’inscrit dans le prolongement de l’action de son prédécesseur pour la défense de la forêt privée drômoise. Mais, avec les membres de son conseil d’administration, il souhaite aussi impulser de nouvelles dynamiques. « La mission de Fransylva 26, c’est d’abord d’informer les administrateurs et adhérents des changements de loi, des aides auxquelles ils peuvent prétendre, des questions concernant la fiscalité… C’est également les faire bénéficier d’une assurance responsabilité civile via un dispositif régional géré par Fransylva Auvergne-Rhône-Alpes. L’association a également pour mission de former les adhérents aux bonnes pratiques sylvicoles via le Fogefor. Plusieurs sessions de formation sont proposées, depuis des thématiques de découverte de la forêt jusqu’à des thématiques plus professionnelles », résume le président. Sans oublier également une mission de représentation des propriétaires forestiers dans les différentes instances départementales.

Un film pour les écoliers

Daniel Audeyer s’est également fixé un objectif pour son mandat : sensibiliser le jeune public. « Aujourd’hui la société civile est relativement dure avec les propriétaires forestiers. Il y a beaucoup d’attente concernant la captation du carbone, la libre circulation dans les forêts… mais aussi beaucoup de méconnaissance », déplore le président. L’association a donc fait réaliser un film à destination du jeune public pour l’éduquer à la sylviculture, ses effets sur la forêt et au partage de ces espaces naturels, dont presque les trois quarts en Drôme sont aux mains de propriétaires privés. Ce film a d’ailleurs été projeté en exclusivité le 1er juin auprès des élèves de CM2 de l’école de Saint-Jean-en-Royans. L’objectif désormais est de le présenter auprès d’un maximum d’écoles primaires de la Drôme, en l’associant chaque fois que possible à une visite de terrain par exemple, pour comprendre l’impact du changement climatique et la nécessaire évolution des espèces plantées.

Nouvelles obligations à partir de 20 ha

Au delà de cette action de communication, Fransylva 26 compte aussi poursuivre son travail de sensibilisation des propriétaires forestiers à la nécessité d’établir des documents de gestion de leurs forêts. « Nous sommes en retard en Drôme dans ce domaine, reconnaît Daniel Audeyer. Or c’est une obligation importante. » Lors de l’assemblée générale, il a d’ailleurs rappelé que la loi incendie du 10 juillet 2023 a abaissé le seuil d’obligation de rédaction d’un plan simple de gestion (PSG) de 25 à 20 hectares. Selon lui, le nombre de PSG obligatoires non réalisés en Drôme représente 924 propriétaires pour une surface de 28 661 ha. « Les forestiers ayant un code de bonnes pratiques sylvicoles (CBPS) ou un règlement type de gestion (RTG) auront jusqu’au 12 juillet 2026 pour déposer un PSG », précise-t-il.

Une jeune génération d’entrepreneurs forestiers

Enfin, si en 2022 André Aubanel avait alerté lors de l’assemblée générale de Fransylva 26 sur le manque de bûcherons et de scieries locales, Daniel Audeyer entrevoit quelques signaux positifs. « Nous avons effectivement un grand nombre d’entrepreneurs forestiers qui vont prendre leur retraite mais on s’aperçoit aussi depuis un ou deux ans qu’une jeune génération arrive. Nous allons d’ailleurs, en nous appuyant sur l’annuaire de l’interprofession Fibois et, en le complétant, proposer bientôt à nos adhérents une liste actualisée de ces prestataires », indique le président. Il espère d’ailleurs que des réflexions pourront être engagées sur comment aider de jeunes entrepreneurs forestiers à s’installer là où les besoins sont les plus urgents. Autant de sujets qui vont mobiliser l’association dans les mois et années à venir. Et Daniel Audeyer insiste : « Ensemble, nous pouvons construire un avenir meilleur pour tous. En tant que professionnels de la sylviculture, nous avons un rôle crucial à jouer dans la préservation de la biodiversité et la lutte contre le changement climatique. »

Sophie Sabot

Qui est Daniel Audeyer ?

Jeune retraité et propriétaire forestier sur La Chapelle-en-Vercors, il se définit comme un « passionné de forêt ». La fibre forestière, il l’a d’ailleurs dans le sang. « Mon grand-père avec son beau-frère et son frère avaient créé la scierie Blanc-Audeyer à La Chapelle-en-Vercors. Depuis mon plus jeune âge, je nage dans la gestion de la forêt. J’ai parcouru toutes les forêts du Vercors avec mon père », résume-t-il. Aujourd’hui il cherche à transmettre cette passion à ses enfants.

Depuis une douzaine d’années, il s’est engagé pour les forestiers privés, d’abord au sein du conseil d’administration de l’Union drômoise des forestiers de la Drôme, devenue Fransylva 26. Trésorier de l’association, il a pris la succession d’André Aubanel en 2023. Il est également administrateur de Fransylva Aura et du centre national de la propriété forestière (CNPF). 

S.S.