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Le Domaine Jean Esprit, une histoire de famille

Le voilà revenu sur la terre de son enfance et de ses ancêtres depuis 2017, Jean Esprit, 35 ans, dirige avec conviction le domaine familial. Il représente la cinquième génération de viticulteurs sur ces terres à Pont-d’Isère. Jean Esprit a pu compter sur son père pour l’initier dès le collège à la viticulture. Avant de reprendre le domaine, il a expérimenté différentes techniques en Bourgogne, Languedoc ou encore Provence. En 2017, fort de ces expériences, il reprend l’affaire familiale et se lance dans la construction d’une grande cave afin de devenir propriétaire vigneron et récoltant. Objectif : assurer l’activité « de la production, à la vinification et à la commercialisation. Tout de A à Z », précise le trentenaire. 

Une cave pour vinifier

Le jardin potager de son grand-père Maurice a laissé la place à cette cave conçue sur mesure par Jean Esprit, épaulé par une amie architecte. Un « outil de travail plus simple, plus confortable pour le personnel », décrit-il. Jusqu’à présent, la famille Esprit vendait ses raisins à d’autres caves particulières car « la vinification demandait un investissement important ». Aussi, le domaine se classait en polyculture avec plusieurs vergers. Aujourd’hui, le vin est devenu l’activité principale de l’entreprise. Grâce au système de cuverie gravitationnelle, le vigneron obtient une méthode de vinification qu’il estime « plus naturelle et plus simple ». 

Jean Esprit a créé une mare sur son domaine afin d’ouvrir le milieu et favoriser l’apparition d’un nouvel écosystème.

Dans cette cave, Jean Esprit valorise vingt hectares de Crozes-Hermitage rouge, un hectare en blanc, ainsi qu’un hectare en vin de France et une cuvée confidentielle de Cornas. À chaque cuvée, sa particularité. La Perle noire en fûts de chêne, la cuvé Esprit en cuve béton, le vin de France en amphores… Les 23 hectares de vignes sont conduits en échalas et cordon de Royat. Jean Esprit souhaite conserver une production familiale située entre 70 000 et 75 000 bouteilles par an vendues aux cafés, hôtels, restaurants et cavistes. Toutefois, il ne cache pas son ambition de développer l’export vers les pays européens mais aussi vers l’Asie. Le gros avantage du domaine selon lui : « Nous avons tout, autour et à proximité. Nous pouvons être plus présents et donc mieux observer les vignes ».

« Le bio, le standard de demain »

Le domaine bénéficie de l’AOP Crozes-Hermitage, une appellation qui « reste jeune et dynamique », selon Jean Esprit. Depuis juin 2024, l’entreprise se démarque par sa certification en agriculture biologique. Pour le propriétaire du domaine, « cela ne change pas notre manière de travailler ». Il fait référence à la façon qu’avait son grand-père, Maurice, de travailler le sol, « pas fou de chimie ». Le trentenaire traduit aujourd’hui son savoir-faire par « beaucoup d’observations, l’écoute de la nature et des interventions uniquement en cas de besoin. Depuis dix ans, nous aurions pu être certifiés ». Toutefois, cette certification permet de « communiquer. Les clients demandaient à ce que ce soit écrit sur la bouteille. Cela les rassure », rapporte-t-il. Cette évolution, le professionnel la voit comme une continuité. « Chaque génération a mis sa pierre à l’édifice. »

Jean Esprit en est convaincu : « Le bio, c’est le standard de demain ». Pour lui, pas question de parler de crise du bio dans le secteur viticole. Pour aller plus loin, le trentenaire a répondu à un appel de la communauté de communes Arche Agglo. Il a recréé une mare sur son domaine afin d’ouvrir le milieu et favoriser l’apparition d’un nouvel écosystème. Dans la même veine, le vigneron a installé des nichoirs pour les faucons, les chauves-souris, et des chouettes. À son arrivée, il avait aussi planté des haies avec des essences endémiques résistantes à la sécheresse. Pour Jean Esprit, « le bio, c’est une histoire de conviction du vigneron ».


Plus d’informations : https://domaine-esprit.com/fr/

Le Zouave, cuvée emblématique

Ces vignes-là sont âgées de 80 à 100 ans. La cuvée porte le nom du régiment des zouaves, en référence à Joseph, l’arrière grand-père de Jean Esprit, qui a créé le domaine en 1909. De retour de son service militaire en Afrique du Nord, Joseph a acheté les terres. En son honneur, Jean Esprit, a créé cette cuvée emblématique ainsi qu’une étiquette à son effigie. Dans chaque caisse en bois de la cuvée, se trouve un pompon similaire à la chechia, coiffe traditionnelle des zouaves.

 

Morgane Eymin