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CONJONCTURE

Le marché des semoirs complexes se porte bien

2018 a été une année faste pour le marché des semoirs, à l’inverse de celui du tracteur.
Le marché des semoirs complexes se porte bien

Le volume annuel des ventes de semoirs est moins bien observé que le marché phare du tracteur. Pourtant, certains modèles combinés dotés d'options comme la modulation, la coupure GPS des rangs ou dernièrement du contrôle automatique de la profondeur rivalisent allègrement avec le prix d'un tracteur neuf de 100 chevaux. Les seules statistiques connues du marché concernent les ventes de semoirs traînés de plus de 1,5 tonne, livrés avec une carte grise.
Pour 2018, 384 semoirs traînés dans des largeurs allant de 3 à 12 mètres ont été livrés en France, contre 272 unités en 2017, soit une augmentation de 41 %, selon Axema. Plusieurs grandes marques caracolent dans ce palmarès, comme Sky, Horsch, John Deere, Khun, Maschio...
Pour le marché des appareils portés, il n'existe pas de statistiques à proprement dites, sauf à écouter les analyses de marché de tel ou tel constructeur. Pour Amazone, par la voix de son inspecteur commercial régional, Claude Parmentier : « En 2018, le marché des combinés s'est très bien tenu tout au long de l'année. C'est un marché qui est de moins en moins saisonnier. Les semoirs combinés se vendent aussi bien au printemps pour les semis d'avril-mai, qu'en été avec l'implantation des couverts ou à l'automne, pour les céréales d'hiver... ».

La distribution électrique se généralise

En distribution pneumatique, la distribution électrique des semoirs existe déjà depuis cinq ou six ans et elle se généralise aussi sur les semoirs gravitaires. Elle n'est pas forcément plus chère à fabriquer et devient indispensable si l'utilisateur veut travailler en modulation de semis. Le système gère alors la vitesse de rotation des roues de distribution afin d'augmenter ou diminuer la quantité de semences dans la parcelle en fonction du potentiel agronomique. Cette modulation peut être, dans un premier temps, manuelle avec une commande de l'agriculteur sur sa console de semis embarquée, ou pour les mieux équipés par géolocalisation du semoir sur le champ dont les variations de rendement auraient été cartographiées au moment de la récolte précédente. La motorisation électrique de la distribution s'adapte aussi mieux à la coupure GPS des rangs. « Cela est encore plus vrai sur les semoirs pneumatiques monograine », indique Frédéric Francou du Groupe Bonfils, concessionnaire sur les Savoie, l'Isère et l'Ain : « Cet hiver, sur la vingtaine de semoirs pneumatiques monograine Ribouleau que nous avons vendus, la moitié l'était en distribution électrique. C'est notre clientèle d'entrepreneurs qui franchit facilement ce cap. Le plus souvent, ils prennent toutes les options : distribution électrique, boîtier de modulation, coupure GPS des rangs... Certaines configurations de semoirs peuvent coûter jusqu'à 90 000 euros », rajoute-t-il.

Le semis direct toujours en progression

Dans une double démarche économique et agronomique, le semis direct a encore un beau potentiel de progression, puisque seulement 4 à 5 % de la sole française est semée avec cette technique sans labour, 2 %, tout au plus, en colza ou soja. Le constructeur alsacien Kuhn, pionnier en la matière, propose depuis plus de 40 ans son SD pour les adeptes de la technique. Frank Perneze, inspecteur commercial de la marque pour une partie du Sud-Est rappelle un marché aux deux extrêmes de la technologie : « Notre offre dans la gamme du semis direct en est à la 3e génération, avec notre dernière version baptisée Aurock, disponible en 6 mètres de largeur. Notre spécificité, c'est le triple disque pour chaque rang. Deux disques ouvreurs à l'avant montés sur un parallèlogramme et un troisième pour semer et rappuyer. Notre semoir s'adapte aussi bien pour du semis sous couvert, du semis simplifié ou du semis direct. Paradoxalement, à notre offre en semoirs directs ou combinés, nous vendons aussi beaucoup de semoirs de notre entrée de gamme avec le Prémia qui est un matériel simple, sa distribution mécanique est constituée de roues à cannelures volumétriques hélicoïdales bien connue du marché depuis plus de 60 ans. C'est un semoir que nous pouvons équiper d'une double trémie pour semer simultanément deux espèces. Il trouve sa place plutôt en système herbager et son prix est de l'ordre de 8 000 à 10 000 € »
La qualité du semis est une composante essentielle du rendement, plus de 60 % pour certains. Il n'est donc pas étonnant que les agriculteurs aient plutôt investi dans des semoirs complexes en 2018 que dans du matériel de traction, toujours avec à l'esprit de travailler mieux et plus vite, c'est là le prix de la productivité. 

Roland St Thomas