Les bons chiffres de la filière œufs
Le Comité national de la promotion de l’œuf (CNPO) a présenté, le 20 mai, le bilan de la filière œufs. Les Français en ont consommé plus à la faveur de la crise sanitaire. Par ailleurs, l’interprofession s’est engagée à accélérer le sexage in ovo.

La filière œuf affiche de bons résultats si l’on en croit une enquête réalisée du 29 avril au 10 mai par l’institut de sondage CSA au profit du CNPO. Ce ne sont pas moins de 99 % des Français qui déclarent consommer des œufs (+ 7 points par rapport 2019) et 96 % d’entre eux qui jugent les œufs « incontournables de l’alimentation », soit 2 % de plus qu’en 2019. D’ailleurs, 91 % des personnes interrogées assurent en manger « au moins une fois par semaine ». D’après cette enquête, les Français consomment les œufs plutôt au dîner (81 %) et au déjeuner (72 %) mais un peu moins au petit-déjeuner (19 %). L’œuf au plat reste la recette préférée des Français (29 %) devant l’omelette (26 %) et l’œuf à la coque (17 %). Un des autres enseignements de ce sondage est la perception que nos compatriotes ont de ce produit simple et abordable : 92 % des personnes interrogées jugent que l’œuf est « très riche en vitamines et oligoéléments ». Elles sont 3 % de plus (95 %) à estimer qu’il contient des protéines de très hautes qualités. Une autre très large majorité (90 %) qualifie ce produit de « protéine la moins chère du marché ».
Un débouché principal : l’Europe
L’œuf est également un produit qui s’exporte bien « puisque la balance commerciale repasse au vert en valeur », a indiqué Loïc Coulombel, administrateur du CNPO. La France a réduit son déficit commercial le faisant passer, en volume de -26 000 tonnes en 2019 à -5 000 tonnes en 2020. Les exportations ont bondi de + 11,8 % en volume (+9,4 % en valeur) grâce notamment aux exportations d’œufs coquilles (+ 55 % en volume et + 39,8 % en valeur) et des ovoproduits (+ 2,3 % en volume et + 1,6 % en valeur). Le premier débouché reste les pays de l’Union européenne : 96 % pour les œufs coquilles et 85 % pour les ovoproduits. Finalement, la balance commerciale de l’œuf qui accusait un déficit de - 19 millions d’euros (M€) en 2019 est redevenue positive en 2020 : + 4 M€.
Répercussion du coût
En termes de production, la filière œuf poursuit son adaptation aux demandes sociétales, principalement sur le bien-être animal. « C’est ainsi que fin 2020, 64 % des poules pondeuses étaient élevées hors cages aménagées en France, a indiqué le Drômois Philippe Juven, président du CNPO. Aujourd’hui, les poules élevées en cages ne représentent plus que 36 % de la production française (47 % en 2019). Les poules élevées en plein air représentent désormais 23,2 % de la production (18 % en 2019), le plein air Label rouge 5,8 % (5 % en 2019), le bio 16 % (18 % en 2019) et le sol est passé de 13 % en 2019 à 19 % en 2020 », a-t-il ajouté. L’interprofession indique vouloir « accélérer le déploiement de solutions permettant d’éviter l’élimination à la naissance des poussins mâles », en particulier par le sexage in ovo, c’est-à-dire dans l’œuf. Mais cette méthode coûte cher : « 64 millions d’euros par an, soit 4 % du chiffre d’affaires annuel de la filière », a indiqué Maxime Chaumet, secrétaire général du CNPO, qui entend que cet investissement soit répercuté sur le prix de l’œuf. Une autre alternative consisterait à conserver les mâles et les élever pour leur chair « Mais encore faut-il trouver un débouché final, un marché spécifique », a indiqué Philippe Juven.
La France toujours en tête
En 2020, la France a produit 15,7 milliards d’œufs, une production en hausse de +4,9 % par rapport à 2019. En 2021, la tendance à la hausse devrait se poursuivre avec des prévisions à +2,5 % d’ici le mois de juillet. La France confirme sa place de premier pays producteur d’œufs dans l’Union européenne (environ 14 % de la production en 2020), suivie de l’Allemagne (13 %) et de l’Espagne (13 %).
Le Snipo (industriels) veut une indexation des prix sur l’alimentation animale
Face à la flambée des prix de l’alimentation animale, « une revalorisation du prix d’achat des œufs coquille et des ovoproduits (…) devient vitale », lancent les industriels du Snipo dans un communiqué le 25 mai. Des « tensions récentes sur le marché des matières premières garanties non OGM » sont venues accroître la hausse des céréales et oléoprotéagineux sur le marché mondial. Cette augmentation provoque un surcoût de production de « plus de 1 centime par œuf, soit 20 centimes par kg d’œuf entier liquide », affirme le Snipo. Réclamant la répercussion de ce surcoût, les industriels des œufs et ovoproduits ont été « entendus par les GMS, mais pas du tout par l’agroalimentaire et la restauration hors domicile », ses deux autres débouchés, déplorait le président du Snipo, Loïc Coulombel, lors d’une conférence de presse du CNPO (interprofession) le 20 mai. Dans son communiqué, le Snipo réclame « une indexation du prix de vente des œufs et des ovoproduits sur l’évolution du coût de l’alimentation des poules pondeuses ». Comme les industriels, le CNPO demande que les œufs entrent dans le champ d’application de l’article 2 de la proposition de loi (PPL) Egalim 2, déposée par Grégory Besson-Moreau (LREM, Aube) : cet article prévoit la sanctuarisation de la part agricole dans les négociations ainsi qu’une clause de révision automatique dans les contrats.