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INVESTISSEMENT

Les clefs pour maîtriser  les coûts à la moisson

La flambée du prix des moissonneuses-batteuses impose de bien raisonner son investissement. Location, achat neuf ou d’occasion, seul ou à plusieurs, via une Cuma ou un prestataire : à chaque système ses atouts et ses contraintes.

Les clefs pour maîtriser  les coûts à la moisson
©M Portier

Le coût moyen des chantiers de moisson repart à la hausse, sous l’effet de la complexification des assolements et de la hausse du prix des machines et du carburant. Une réalité qui justifie de se poser la question de l’organisation de ce pic de travail : faut-il renouveler l’achat seul, se mettre à plusieurs, opter pour de l’occasion, louer une machine ou faire appel à un prestataire ? Si la capacité d’investissement est déjà saturée, acheter une moissonneuse n’est peut-être pas la meilleure idée. D’autant qu’il faut parfois aussi renouveler un tracteur ou une benne. Mais à l’issue du remboursement des annuités, la machine est amortie et les coûts de battage diminueront nettement. La moissonneuse-batteuse conserve par ailleurs une valeur résiduelle. Cela peut financer en partie son futur remplacement, ou aider à reconstituer une trésorerie, si l’on opte alors pour une location ou une prestation. « Quelle que soit la formule envisagée, la première chose à faire est de calculer le budget que l’on est à même d’engager chaque année sur ce poste », explique Richard Wylleman, conseiller en agroéquipements à la chambre d’agriculture de l’Yonne.

Ratio puissance sur surface

La surface à battre est évidemment un élément-clé de l’équation. Plus la surface à moissonner est faible, moins une acquisition est envisageable. Plus elle est élevée, plus les marges de manœuvre sont grandes.
La puissance de la machine est-elle adaptée à la surface à battre ? Pour s’en faire une première idée, on peut s’appuyer sur le ratio puissance sur surface. « En zone à fort potentiel, le chiffre de 1,0 ch/hectare pour une machine conventionnelle est un bon repère », indique Richard Wylleman. Pour une moissonneuse d’occasion, on peut compter 1,5 ch/ha. Il faut toutefois tenir compte du nombre de jours disponibles pour moissonner, qui est influencé par la pluviométrie. Multiplier le nombre de jours disponibles par le nombre d’heures travaillées quotidiennement durant la moisson permettra d’estimer le débit de chantier à atteindre. Lorsque l’on a 17 jours praticables, pour une durée de travail de 8 heures par jour, le temps disponible sera de 136 heures. Pour 350 hectares, le débit de chantier sera de 2,6 hectares à l’heure. Pour 500 hectares, le débit passera à 3,7 hectares à l’heure.

Prendre en compte tous les coûts associés

Attention à faire les comparaisons toutes choses égales par ailleurs : les charges de main-d’œuvre, de carburant, les assurances et l’entretien ne doivent pas être oubliés. Assurer une moissonneuse-batteuse coûte autour de 1 000 euros par an et les frais d’entretien d’un tel engin sont élevés, autour de 16 euros/ha. Sur une machine neuve renouvelée tous les sept ans, les frais resteront contenus vu les garanties. Sur une machine d’occasion, on doit en revanche s’attendre à des surprises, avec des pièces parfois chères et nécessitant un long délai pour la livraison. Dans tous les cas, il faut comparer les tarifs de prestation, de location et d’achat. Bref, il est temps de demander des devis ! 

Charles Baudart
  

Quand l’organisation  peut primer  sur les coûts

Quand l’organisation  peut primer  sur les coûts
Avant d’investir en copropriété, il est utile de s’accorder sur des règles de fonctionnement en précisant par exemple dans quel ordre les parcelles seront fauchées. ©L.Vimond

L’achat individuel est probablement la solution idéale pour travailler à son rythme, faucher à la bonne maturité, des parcelles propres aux parcelles sales. Certains sont prêts à supporter des coûts de moisson élevés pour cette tranquillité. D’autres non. L’achat réalisé à plusieurs permet, en partageant l’investissement, d’investir dans du matériel puissant, large et performant. Pour éviter les soucis, il est utile de s’accorder sur des règles de fonctionnement avant de s’engager, qui préciseront par exemple dans quel ordre les parcelles seront fauchées, en s’appuyant sur le critère de maturité, la taille des parcelles ou leur salissement.
Ces précautions peuvent être utiles en cas d’été pluvieux, à même de dégrader la qualité de la récolte. Il est également judicieux de prévoir qui conduit, nettoie, alimente en carburant et entretient la machine pendant la moisson : est-ce chacun son tour, ou confiera-t-on une tâche fixe à chacun ? Le recours à une ETA ou à une cuma avec chauffeur a l’avantage de la simplicité : le pic de travail de l’été est confié à un tiers. Cela peut permettre de souffler et de se concentrer sur d’autres tâches. Certains entrepreneurs proposent même bennes et tracteurs dans leurs formules. Mais attention à bien surveiller la qualité du battage : à vouloir travailler trop vite, il arrive qu’on perde du grain… Autre inconvénient : il faut parfois attendre quelques jours avant que le prestataire soit disponible. Si un voisin propose ses services, attendez-vous à signer un contrat d’engagement, qui vous liera trois ans. À noter, pour limiter le salissement, on peut insérer une clause prévoyant un soufflage minutieux de la coupe et de la machine à l’arrivée. Quant à la location de matériel, elle présente l’énorme avantage d’avoir un matériel neuf, fiable, que l’on conduit selon ses priorités et que l’on rend au bout d’un, deux ou trois ans. Mais cette option est réservée aux agriculteurs très soigneux : les surcoûts liés à l’entretien peuvent vite coûter très cher en fin de contrat. Dans les faits, ce sont surtout les grosses structures utilisant de très grosses machines qui recourent à cette formule.