Les trois quarts des chasseurs viennent à la chasse par culture familiale
Quel est le profil socio-professionnel des chasseurs ? Quelles sont les motivations pour pratiquer la chasse ? Une étude récente, commandée par la Fédération nationale des chasseurs, livre également un focus sur les chasseurs drômois.

La fédération des chasseurs de la Drôme (FDC 26) a dévoilé récemment les résultats d’une étude économique, environnementale et sociétale réalisée par le cabinet Randea sur l’année 2023. Cette étude, baptisée « La chasse en France aujourd’hui et demain » a été commandée par la fédération nationale des chasseurs. Elle s’appuie sur des questionnaires envoyés à 144 000 chasseurs dont 1 640 en Drôme.
Cette étude apporte différents enseignements. D’abord sur la « carte d’identité » des chasseurs. En Drôme, sur les 10 410 permis de chasser validés par la FDC 26 pour la saison 2022-2023, seulement 4,5 % des demandeurs sont des femmes (3,3 % à l’échelle nationale). 48 % des chasseurs drômois sont par ailleurs retraités contre 46 % à l’échelle nationale. Parmi ces chasseurs drômois, 87 % résident dans une commune rurale, soit 10 % de plus que l’ensemble des chasseurs en France. La chasse réunit des catégories socio-professionnelles très diverses. En Drôme, 13 % sont agriculteurs ou ouvriers agricoles, 8 % sont artisans ou commerçants, 13 % ouvriers, 22 % employés, 18 % professions intermédiaires, 23 % dirigeants ou cadres et 2 % étudiants.
Du côté des modes de chasse, 99 % des chasseurs drômois pratiquent la chasse à tir, seul 1 % utilise l’arc. Ils effectuent en moyenne 53 sorties de chasse par an (contre 44 pour la moyenne nationale), dont 27 pour chasser en battue et 21 en chasse devant soi.
Les gibiers prioritairement chassés sont quasiment similaires en Drôme qu’au niveau national. Le sanglier arrive au premier rang (76 % des chasseurs le chassent en Drôme, 69 % en France), suivi du petit gibier de plaine (65 % en France, 62 % en Drôme) et du chevreuil (66 % en Drôme, 64 % en France). En quatrième position, les oiseaux de passage (48 % des chasseurs français, 47 % des chasseurs drômois).
« Complicité avec les chiens »
À la question comment devient-on chasseur, 77 % des chasseurs en Drôme indiquent que c’est par « culture familiale » (70 % au niveau national). L’étude a également porté sur les motivations des chasseurs. À la question « pourquoi être chasseur ? », 67 % des chasseurs interrogés en Drôme mettent en avant la complicité avec les chiens (59 % au niveau national), 64 % le fait d’être en contact avec la nature, l’observer (67 % au niveau national), 58 % la notion de convivialité, de faire partie d’un groupe (61 % au niveau national). Viennent ensuite : l’attachement au terroir (40 % en Drôme, 38 % au niveau national), le partage et la transmission d’une culture à égalité pour les Drômois avec le fait de pratiquer une activité de plein air (39 %). La régulation des espèces comme motif de chasse est également citée comme une motivation par 37 % des interrogés en Drôme (39 % au niveau national). Évasion des contraintes du quotidien et liberté sont aussi citées par un quart environ des chasseurs.
L’enquête souligne que, chez les chasseurs les plus récents, une des motivations a fortement progressé : celle de pouvoir consommer la venaison. Ainsi, au niveau national 33 % des chasseurs ayant moins de trois ans de permis en font un critère de motivation, contre seulement 18 % sur l’ensemble des chasseurs. En Drôme, 28 % des chasseurs récents citent la dégustation de la venaison comme motivation contre 20 % pour l’ensemble des chasseurs.
Sophie Sabot
Source : « La chasse en France aujourd’hui et demain, plus qu’une pratique », étude économique environnementale et sociétale sur la chasse 2023, réalisée pour la FNC et la FDC 26 par le cabinet Randea.
Le poids économique de la chasse

L’étude réalisée par le cabinet Randea, avec la contribution de Xerfi Spécific sur le volet économique, révèle qu’en 2022, les dépenses des chasseurs en France ont représenté un total de 4,2 milliards d’euros (Md€) sur l’ensemble du territoire (voir graphique). Hors véhicule, chaque chasseur français dépense en moyenne 3 260 € par an pour son loisir. L’étude estime par ailleurs que la chasse a généré 3,6 Md€ de richesse nationale en 2022 et pérennisé ou créé 37 400 emplois, dont 7 250 ETP publics.
En Drôme, la moyenne de dépenses (hors achat d’un véhicule pour la chasse) est estimée à 3 090 € par chasseur sur la saison 2022-2023, dont 965 € pour l’hébergement, la restauration..., 920 € pour les équipements, 610 € pour les chiens et les diverses assurances et 595 € pour l’accès à la chasse et l’entretien du territoire de chasse (permis, cotisation ACCA, location territoire de chasse, adhésion FDC, bracelets…). L’étude estime que les dépenses des chasseurs de la Drôme et de leur réseau associatif ont permis d’injecter dans l’économie (française et importations) 54 millions d’euros (M€) sur la saison 2022-2023. Enfin, toujours selon l’étude, 340 emplois (ETP) seraient liés à la chasse sur le département de la Drôme.
S.S.
Que devient le produit de la chasse ?

Selon l’étude Randea, 90 % du tableau de chasse est distribué entre les participants (91 % en Drôme). Ainsi, environ 63 % du tableau de chasse est auto-consommé selon les chasseurs et environ 28 % cédés entre particuliers ou orientés vers l’« économie grise » ou économie informelle1.
Sur la part restante, au niveau national, 6 % seraient commercialisés contre seulement 3 % en Drôme, 3 % font l’objet de dons caritatifs en France (idem en Drôme), le reste est considéré « perdu ». Quant aux pratiques, 30 % des sociétés de chasse en France déclarent être équipées d’une chambre froide (23 % en Drôme). 65 % déclarent avoir une personne spécialisée en découpe de gibier (63 % en Drôme). Enfin 65 % des sociétés de chasse indiquent avoir des chasseurs formés à l’examen initial de la venaison (73 % en Drôme).
S.S.