MFR, l’alternative gagnante pour des élèves en quête de sens
En misant sur l’alternance, le réseau des MFR a trouvé un public. Des jeunes qui retrouvent le goût de l’apprentissage par la pratique et un accompagnement singulier où élèves et formateurs sont acteurs d’une aventure collective. Reportage à la MFR de Gelles dans le Puy-de-Dôme.

Des effluves de café s’échappent encore du réfectoire vers 10 h. Les tables sont propres, les vestiges du petit-déjeuner ont disparu depuis plusieurs heures déjà. Elèves et formateurs sont à pied d’œuvre. Certains sont en classe, d’autres en entreprises, certains sont de corvée de vaisselle, tandis que d’autres préparent le planning de la semaine suivante… Sur le terrain de l’apprentissage, la frontière entre le monde de l’école et celui de la vie « en vrai » est ténue. Bienvenu dans l’univers des maisons familiales et rurales (MFR). Un modèle né en 1937, dont la pertinence de la pédagogie ne s’est pas démentie depuis. Aux confins de l’enseignement, du savoir-être, de l’éducation, du souci du collectif et de l’attention pour chacun…la MFR a forgé des destins de gamins souvent fâchés avec le système scolaire classique, qui au sein de ces établissements se sont révélés. « Les élèves qui viennent chez nous cherchent du concret, à retrouver du sens dans leur apprentissage, et cela se matérialise par l’alternance entre des stages réguliers et les temps de classe. Ils participent à la vie collective puisque la majorité d’entre eux sont internes* », explique Anne Raberin, directrice de la MFR de Gelles. À partir de 14 ans, l’établissement accueille des jeunes en troisième et quatrième intéressés par tous les métiers, toutes les filières professionnelles, agricoles mais pas que…Au final, 100 % des élèves trouvent une orientation conforme à leur premier vœu. « Ils ont le temps d’expérimenter et de choisir vraiment ce qui leur plaît. En deux ans, ils ont la possibilité de découvrir trois métiers, trois filières, trois entreprises différentes », témoigne Benjamin Simon, formateur et coordinateur de la filière agricole.
Un BTS par apprentissage à la rentrée 2023
Et ici, les stages ne se limitent pas à la seule observation. « C’est ce qui séduit les entreprises aussi. Nos jeunes à l’issue de leur stage peuvent être intégrés en contrat d’apprentissage », poursuit la directrice. Peu coutumier de l’apprentissage contrairement au secteur de l’artisanat, du bâtiment, de la restauration…le secteur agricole s’y met progressivement avec des résultats probants. Le CAP « métiers de l’agriculture » proposé uniquement par apprentissage par la MFR rencontre ainsi un intérêt grandissant : d’une quinzaine d’élèves au lancement en 2020, l’établissement en compte désormais une quarantaine. « Il existe une passerelle entre ce CAP et le Bac Pro. Cela permet de nous adapter au parcours singulier de chacun », estime Anne Raberin. Àla rentrée prochaine, dans un esprit de cohérence des formations et afin de s’adapter aux nouveaux prérequis de la DJA (dotation jeune agriculteur) l’établissement ouvrira un BTS productions animales par apprentissage. « Le débouché de ce BTS offre des horizons plus larges que le Bac Pro ». Un module spécifique sur l’éthologie sera intégré à cette formation en partenariat avec des acteurs du territoire comme l’Inra de Theix. Chaque semaine, les élèves lorsqu’ils sont en classe, bénéficient d’une intervention extérieure d’un conseiller de chambre d’agriculture, d’un agriculteur, d’un chef d’entreprise, visitent un site de production, de transformation…Le lien avec le monde professionnel que ce soit en filière agricole ou en production et vente alimentaire, les deux spécialités de la MFR, est donc permanent. Pour élargir leur connaissance, les élèves du Bac Pro CGEA s’envoleront très prochainement pour le Québec. Une nouvelle aventure, pour une poignée d’élèves dont la majorité prendra l’avion pour la première fois.
Sophie Chatenet
* Avec le soutien du Conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, l’internat a été récemment rénové. L’espace des salles de classe a également été agrandi en 2020.
Les MFR en chiffres
Les MFR en Auvergne-Rhône-Alpes
74 établissements
16 800 Jeunes apprentis, adultes en formation
200 formations en alternance
Les MFR en Bourgogne Franche Comté
La région Bourgogne-Franche-Comté compte 30 MFR. Elles proposent des formation de la 4e à l’enseignement supérieur dans diverses thématiques : agriculture, agroéquipement, animation, sport, tourisme, forêt, nature environnement, services à la personne, mécanique, bâtiment…