Pendant la pleine saison d'irrigation, gérer des systèmes d'arrosage, que ce soit de la micro-aspersion, de la couverture intégrale, des enrouleurs ou des pivots, peut s'avérer très exigeant en temps pour l'agriculteur. La surveillance de ses matériels est permanente, autant que celle d'un troupeau pour un éleveur, pourrait-on dire. Rares sont les journées où tout fonctionne sans incident. Avec la multiplication des surfaces irriguées sur les exploitations, le suivi par une seule personne devient vite un facteur limitant. Les constructeurs ont peu à peu modernisé leurs matériels afin de les rendre plus autonomes, tout en étant capables de télétransmettre des informations et être pilotés à distance, via le réseau GSM.

Des fonctionnalités adaptées à chaque exploitation

Plusieurs niveaux de sophistication existent, à commencer par le simple boîtier électronique de régulation de la dose et de la programmation du démarrage. Ces consoles équipent les enrouleurs et les pivots depuis plus de 25 ans déjà. Depuis l'arrivée des téléphones portables, les constructeurs ont rapidement vu qu'ils pourraient faire communiquer l'agriculteur avec son matériel d'arrosage. Grâce à l'installation d'une carte SIM sur les enrouleurs ou les pivots, l'utilisateur peut faire démarrer et arrêter à distance ses machines.
Des applications pour prendre la main à distance
Avec l'amélioration de la qualité des écrans des téléphones et les fonctions mails, le pilotage à distance, au-delà des fonctions marche-arrêt, est devenu possible. À partir d'applications pour smartphone développées depuis quelques années, l'agriculteur peut prendre la main à distance sur les paramètres de son enrouleur, comme s'il se trouvait devant. Il peut faire varier la dose, programmer des zones, il peut aussi être alerté en cas de dysfonctionnement. L'abonnement téléphonique « MTM », Machine to Machine, pour la liaison GSM, est de l'ordre de 2 à 5 euros par mois et par matériel piloté à distance. Pour Jean-François Cornacchia du bureau d'études d'Irrifrance : « La modification de paramètres à distance, via le téléphone portable, existe chez nous depuis plus de 20 ans. Nous avons adapté cette technologie sur nos pivots depuis cinq ans et nous pouvons équiper nos anciens pivots de ces nouvelles fonctionnalités. Nos applications permettent de surveiller à distance plusieurs machines avec un même téléphone ou un même ordinateur depuis le bureau de l'exploitation ».

Moduler automatiquement la pluviométrie

Moduler la pluviométrie dans une même parcelle en fonction de la capacité de rétention et de la productivité est compliqué à mettre en œuvre dans la mesure où il faut disposer des télé-capteurs de données dans les parcelles. « Les agriculteurs veulent encore avoir la main sur leur irrigation », rappelle le chargé du bureau d'études d'Irrifrance : « La plupart d'entre eux sont abonnés à des réseaux de prescription qui leur transmettent quotidiennement des informations sur l'ETP, (évapotranspiration potentielle) des cultures et beaucoup en restent là, en pilotant leurs matériels à distance. Pour autant, si la demande était importante, nous avons des solutions à proposer dans le cadre de l'irrigation avec pluviométrie variable (VRI) ». Il semblerait que l'agriculture de précision avec des apports d'eau modulés automatiquement ne soit pas une demande du marché, à l'instar de l'engrais, des phytosanitaires ou des doses de semis. Pour un arrosage de 35 mm, la quantité d'eau est de 350 m3 à l'hectare en un passage. Sur des volumes aussi conséquents, la modulation n'a que peu d'intérêt. La méthode des bilans, qui consiste à prendre en compte les besoins de la plante en fonction de son stade, de la réserve du sol et de la pluviométrie, a encore de beaux jours devant elle. Toutefois, cela n'empêche pas à l'agriculteur d'affiner au plus juste sa conduite en pilotant à distance ses matériels, ceci afin de préserver au mieux la ressource en eau.

Des solutions multiples de pilotage à distance