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Machinisme

Pulvérisation : mélanger  la bouillie avant de l’incorporer

De plus en plus de viticulteurs s’équipent d’un mélangeur de bouillie afin de gagner en débit de chantier et en qualité de pulvérisation.

Pulvérisation : mélanger  la bouillie avant de l’incorporer
La grande majorité des mélangeurs forment un vortex. © L Vimond

Vous pouvez avoir le meilleur système de pulvérisation (face par face, panneaux récupérateurs...), si les produits phytosanitaires sont mal incorporés et mal mélangés, la qualité de la protection sera moins bonne. Si bon nombre d’intrants se dissolvent bien dans l’eau, d’autres sont plus difficilement miscibles car visqueux. D’autres encore tendent à se coller aux parois et/ou à sédimenter. C’est le cas des poudres comme le cuivre, l’argile, le talc ou encore le purin d’ortie déshydraté. Au regard du budget annuel en produits phytosanitaires, bon nombre de viticulteurs se sont intéressés de près à la qualité du mélange et ont investi dans des mélangeurs.

Une pompe en inox pour résister aux produits corrosifs

Fixes ou mobiles, ces équipements s’installent sur le lieu de préparation et se greffent bien souvent sur le circuit de remplissage d’eau. Selon les modèles, leur capacité va d’une centaine à plus de 800 litres. Certains sont constitués d’une cuve en polyéthylène, d’autres en inox. Mais tous proposent une pompe en inox pour résister aux produits les plus corrosifs, d’autant plus qu’ils sont concentrés dans la cuve. Le brassage est effectué soit par une circulation d’eau (système dit à recyclage), soit par un agitateur rotatif en fond de cuve. L’objectif est d’obtenir un vortex, c’est-à-dire un tourbillon, qui permet d’offrir rapidement une bonne qualité de mélange. Quelle que soit la solution, la force du mélange est généralement réglable. Ce vortex présente l’avantage de ne pas générer beaucoup d’éclaboussures protégeant ainsi l’opérateur. Certains constructeurs prêtent également à ce tourbillon des propriétés d’aspiration, les poussières de poudre en suspension dans l’air étant attirées dans le fond de cuve, épargnant ainsi l’opérateur. Ces appareils bénéficient pour la plupart d’un rince bidon à pression, avec récupération des jus de rinçage vers la cuve du mélangeur. En plus, un pistolet ou une douchette permet de rincer la cuve du mélangeur une fois celle-ci vidée. Certains modèles proposent une tablette pour poser sac ou bidon, facilitant et sécurisant leur vidage. Techprodis présente également un modèle de 110 litres avec son propre moteur thermique de 15 ch : avec une réserve d’eau à la parcelle, la préparation peut alors s’effectuer à la vigne.

Une efficacité redoutable en un temps très court

Ces cuves de mélange affichent des capacités impressionnantes. Techprodis assure le mélange de 30 kg de poudre dans 110 litres d’eau en une minute. MixBox annonce 80 kg de poudre en deux minutes dans 250 litres d’eau. « En viticulture, cela permet de gagner du temps, explique Édouard Routier (Techprodis). Les incorporateurs des pulvérisateurs viticoles ne sont pas aussi volumineux et performants que les dernières générations en grandes cultures. De plus, certaines poudres comme les argiles doivent être incorporées par petites doses, si l’on veut éviter les bouchages. » Avec le mélangeur, l’incorporation de produits ne devient plus le facteur limitant. Certaines exploitations qui en sont équipées s’organisent avec un opérateur à la préparation et un autre à la pulvérisation : le temps d’immobilisation du pulvérisateur au remplissage est fortement réduit. Mais l’argument premier des viticulteurs équipés reste la qualité de travail. Les poudres et produits visqueux sont intégralement dilués, ce qui maximise l’efficacité de la pulvérisation. Cette efficacité a un coût : compter 1 800 € pour un modèle de 110 l, entre 2 500 et 3 300 € pour un 250 l, et 4 500 € pour un modèle de 300 l en cuve inox. « Mais ce prix est à comparer au budget annuel consacré aux phytosanitaires (jusqu’à 800- 1 000 €/ha), justifie Édouard Routier. Si une partie de ces produits n’est pas appliquée car collée à la paroi du pulvérisateur ou est mal répartie parce qu’une buse est bouchée, quel est l’impact économique ? »
Enfin, le dernier argument concerne la sécurité de l’opérateur, les mélangeurs étant conçus pour limiter les contaminations et erreurs de manipulation. 

Ludovic Vimond

Plusieurs modèles présentés