Retour en force du déchaumage mécanique
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Le déchaumage consiste à travailler superficiellement le sol après la moisson afin de favoriser la levée et la destruction des adventices, tout en mélangeant les résidus à la terre pour favoriser leur humification. Déjà au XIXe siècle, ce travail était une préoccupation des vulgarisateurs des pratiques agricoles. On pouvait lire en 1837, dans le journal Le Cultivateur : « Il ne faut pas différer de faucher l'étouble, chaumes qui restent après avoir sié le blé et de nettoyer la terre... ».
Cette préoccupation de « nettoyer la terre » reste toujours d'actualité, notamment avec l'apparition de nouvelles espèces résistantes et invasives, comme l'ambroisie, le datura, le topinambour, le raisin d'Amérique, le sorgho d'Alep ou encore l'endémique chiendent... Le déchaumage chimique peut avoir ses limites et, parfois, rien ne vaut un travail mécanique pour extirper racines pivotantes et autres bulbes qui seront ensuite détruits par l'action du soleil. L'agriculteur aura le choix entre une panoplie d'outils à dents, à disques ou parfois combinés pour effectuer son déchaumage.
Un déchaumage à quelle profondeur ?
Si l'agriculteur souhaite réaliser un faux semis, un travail de la terre sur trois à cinq centimètres suffira. Pour ce travail de faible profondeur, des outils à petits disques, 30 à 40 centimètres de diamètre, équipés d'un rouleau de rappui à l'arrière sont apparus sur le marché depuis quelques années. Ces matériels sont généralement portés, même en largeur de plus de 3 mètres, avec un repliage hydraulique. Ils permettent un travail rapide mais sont exigeants en entretien dans la mesure où chaque disque est monté avec deux roulements et quatre silentblocs. Ces déchaumeurs à petits disques se retrouvent, entre autres, chez Amazone, Pottinger, Maschio, Kuhn, Agram qui a la particularité de monter ses disques sur des lames de ressorts.
L'agriculteur pourra aussi utiliser le pulvériseur à disques lourd classique en contrôlant le terrage avec les roues. Ces cover-crop en X ou en V sont souvent très présents sur les exploitations. Ces appareils ont l'avantage d'être polyvalents quant à leur profondeur de travail qui peut descendre jusqu'à une bonne quinzaine de centimètres, selon l'humidité et la texture du sol.
Pour des implantations de semis de prairie, colza, blé, ils peuvent remplacer la charrue. En conditions plus sèches et plus argileuses, là où les disques seraient inefficaces, les outils à dents ont toute leur place pour le déchaumage. De simples herses étrilles pour travailler sur deux à trois centimètres et permettre la germination des mauvaises herbes, jusqu'au travail plus profond avec chisel, chacun adaptera son intervention en fonction de l'objectif visé et souvent du matériel présent sur l'exploitation.
Des combinaisons dents et disques
Pour combiner une action de travail en profondeur tout en permettant d'obtenir une terre fine et rappuyée, les constructeurs proposent depuis plusieurs années des outils à train de dents, disques et rouleaux arrière. Amazone avait ouvert la voie de ce concept, il y a quelques années, avec le Cenius. D'autres ont emboîté le pas comme Kuhn avec le Cultimer, Quivogne avec sa dernière génération de Blackbear, Väderstad avec le Cultus ou encore Maschio avec le Dracula...
Ces matériels présentent l'avantage du travail « deux en un ». Ce sont généralement des engins lourds dont les dents peuvent descendre jusqu'à 25 cm. Ils réalisent le travail d'un chisel suivi d'un nivellement et d'un mélange des chaumes grâce au train de disques arrière. L'action finale du rouleau arrière qui sert aussi de terrage, permet aux adventices de germer plus rapidement.
Chez Maschio, avec le Dracula, le constructeur a fait le choix de placer les disques à l'avant des dents afin de mélanger une végétation abondante et ainsi d'éviter les bourrages. Pour finir le nivellement, le constructeur a positionné une dernière rangée de disques à l'arrière des dents. Ces combinés permettent de limiter le nombre d'opérations de travail du sol pour l'utilisateur. Leur handicap reste leur prix d'achat. Il faudra souvent plus de 15 000 à 20 000 euros pour un simple 3 mètres en fonction de l'équipement dents-disques-rouleau, voire plus si l'on rajoute un semoir de petites graines pour l'implantation des couverts végétaux.
Avec une telle offre de matériels et de techniques adaptée à chaque problématique, le déchaumage a encore de beaux jours devant lui, y compris en agriculture de conservation. Le facteur limitant à toutes ces techniques reste encore une fois le prix de ces matériels innovants. L'achat à plusieurs ou le réseau d'entrepreneurs restent des solutions à explorer. Ne pourrait-on pas dire « qu'un déchaumage vaut un désherbage », par comparaison à l'adage qui consiste à dire « qu'un binage vaut un arrosage », ceci pour être dans l'heure du temps avec la réduction des phytos ?
Roland Saint Thomas
L’arrivée des néo-charrues
Les néo-charrues ou charrues de déchaumage sont des charrues multi-corps qui travaillent à faible profondeur. Elles sont encore très peu présentes en culture dans notre région. Le constructeur Charlier défend cette technique depuis plus de 50 ans. Elles permettent la conservation de la structure du sol, sans diluer la matière organique, tout en enfouissant suffisamment les mauvaises graines. Le travail superficiel (8 à 15 cm maximum) permet d’avoir un débit de chantier élevé (7 à 12 km/h) pour une faible puissance de traction (~ 9 CV/corps). La base de cette technique repose sur un corps de labour spécifique, d’une largeur de 12 pouces, soit 30 cm. La recherche d’une faible profondeur de travail est primordiale car la germination d’une mauvaise graine s’effectue rarement au-delà de 10 cm.Le sol garde ainsi toute sa structure en profondeur et permet aussi un repeuplement des aérateurs de la terre, les lombrics. Un travail peu profond permet également, en terre caillouteuse, de limiter la remontée des pierres.
Le nouveau constructeur isérois, Green Vison s’est positionné récemment sur ce concept de néo-charrue avec sa charrue Agroplow de 11 corps. Le constructeur annonce un débit de chantier de l’ordre de 3,5 hectares à l’heure.