Retours de marché, produits en fin de vie… À qui donner vos invendus ?

Comment a démarré ce travail de recensement des structures drômoises d’aide alimentaire ?

Nina Croizet : « Avec la crise sanitaire de la Covid-19, la précarité alimentaire a explosé. Face à ce phénomène, nous avons été sollicités en juin dernier par le Département et Valence Romans Agglo afin de réfléchir à la manière d’améliorer l’accessibilité des produits locaux aux publics en difficulté économique. Il est important de souligner que la précarité alimentaire est source de problèmes sociaux, de santé… L’accès à une nourriture de qualité pour tous est une priorité publique inscrite dans les projets alimentaires territoriaux. »

Sur quelle(s) piste(s) avez-vous travaillé ?

N. C. : « Une idée s’est imposée : faciliter les liens entre monde agricole et structures d’aide alimentaire. En effet, nombre de producteurs ne savent pas à qui s’adresser près de chez eux pour donner leurs invendus de fin de marché, leurs fruits et légumes comportant des défauts, leurs surplus ou encore des produits qu’ils n’arriveront pas à vendre avant la date limite de consommation (DLC). Notre travail a abouti à la création d’un répertoire d’aide alimentaire. »

Comment fonctionne ce répertoire ?

Nina Croizet, conseillère à la chambre d’agriculture de la Drôme.

N. C. : « La priorité est de valoriser les invendus sans générer de coût pour les donateurs. Pour cela, grâce au conseil départemental, nous avons pu recenser un maximum de structures d’aide alimentaire sur la Drôme. Pour chacune d’elle, nous avons renseigné leurs coordonnées, les personnes à contacter, leurs besoins (produits acceptés / recherchés) et modalités de conditionnement ainsi que des contraintes diverses comme, par exemple, les jours possibles de livraison. Nous avons ainsi pu constater que certaines associations peuvent se déplacer chez les producteurs pour récupérer leurs invendus. Actualisé régulièrement, ce répertoire est accessible depuis le site internet de la chambre d’agriculture de la Drôme. »

Le don est-il régi par des contraintes particulières ?

N. C. : « Il n’y a pas de formalisme dans la relation entre les agriculteurs donateurs et les associations d’aide alimentaire. Il faut toutefois retenir que, d’un point de vue réglementaire, le don est régi par les mêmes règles sanitaires que celles de la commercialisation. Ainsi, la DLC des produits ne doit pas être dépassée le jour du don à la structure. Le donateur est responsable de ses produits jusqu’à leur arrivée dans les structures de solidarité. Ces dernières peuvent demander un bon de livraison pour témoigner du transfert de responsabilité avec la date, les produits remis, les quantités, le numéro de lot, la DLC et les conditions de transport. »

La possibilité de réduction fiscale s’applique-t-elle ?

N. C. : «Oui. A la suite d’un don, l’association d'aide alimentaire délivre une attestation à l'agriculteur. Celui-ci peut ainsi bénéficier d’une réduction d’impôt de 60 % de la valeur du don, dans la limite de 10 000 euros ou de 0,5 % de son chiffre d’affaires. »

Propos recueillis par Christophe Ledoux