Sortir les Baronnies provençales de la crise agricole
La chambre d'agriculture de la Drôme a invité les agriculteurs des Baronnies provençales à une réunion d'échanges, le 6 mai dernier.

Sur le territoire des Baronnies provençales, dans le sud-est de la Drôme, l'agriculture est diverse. Plantes à parfum aromatiques et médicinales (PPAM) cohabitent avec les vergers (d'oliviers, d'abricotiers, de cerisiers, de pommiers…), les vignes, les champs de petit épeautre et de vastes espaces pastoraux… Depuis plusieurs années, entre aléas climatiques et crises de filières, les difficultés s'amoncellent pour nombre d'agriculteurs. Lors du dernier Salon de l'agriculture, sur le stand de la Drôme à Paris, une journée avait été consacrée aux Baronnies, ceci afin de mettre en avant les atouts de ce vaste territoire et tenter d'apporter des réponses aux problèmes rencontrés. Afin de poursuivre dans cette voie, la chambre d'agriculture a convié l'ensemble des agriculteurs des baronnies à une réunion d'échanges, le 6 mai à Saint-Sauveur-Gouvernet. Une cinquantaine d'entre-eux a répondu à l'invitation.
Des projets à élaborer et réfléchir localement
« Nous avons fait un point sur la conjoncture des filières agricoles des Baronnies, pris connaissance des dynamiques (individuelles et collectives) et regardé quels chantiers pouvaient être engagés, en vue d'assurer le maintien d'une agriculture vivante sur le territoire », explique Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d'agriculture de la Drôme. Dans un premier temps, les participants ont longuement expliqué leurs difficultés, leur détresse liée à l'absence de revenu sur diverses filières. « Nous les avons écoutés tout en leur expliquant que le rebond des Baronnies ne sera possible qu'à travers des projets élaborés et réfléchis localement, en collectif, projets que la chambre d'agriculture et d'autres partenaires pourraient ensuite accompagner , indique Jean-Pierre Royannez. Ce qui compte, c'est de mettre en perspective quelques points positifs pour créer des dynamiques et redonner de l'espoir en attendant une amélioration du contexte. »
« Une volonté commune d'avancer »
Dans les Baronnies provençales, les signes de qualité ne manquent pas. Mais la baisse du pouvoir d'achat entraine une moindre consommation de ces produits. C'est le cas du petit épeautre de Haute-Provence, qui bénéficie d'une IGP. La relance de cette production a bien fonctionné mais aujourd'hui, les producteurs sont confrontés à une mévente. « Une des pistes évoquées pour écouler les stocks serait de servir du petit épeautre sur l'ensemble des cantines, explique Jean-Pierre Royannez. C'est une réflexion qu'il semble possible d'évaluer. » La production d'asperges ou encore celle de fraises ont été évoquées, car certains agriculteurs ont fait part des demandes de consommateurs pour ces produits. « Nous avons aussi discuté des projets de retenues collinaires », ajoute le président de la chambre d'agriculture de la Drôme.
Cette réunion a également permis de faire des mises au point sur des orientations passées. « Nous avons expliqué pourquoi la production lavandicole a tant augmenté en rappelant les décisions politiques qui ont apporté des capacités financières pour investir hors des zones traditionnelles de production, souligne Jean-Pierre Royannez. Aujourd'hui, il ne faudrait pas réitérer cette erreur en plantant massivement des oliviers, ce qui saturerait le marché et déséquilibrerait la filière », prévient-il. D'autres pistes de travail ont été évoquées, comme l'adaptation au changement climatique des productions fourragères, l'enherbement des vignes, la création de magasins de producteurs… « On va aller chercher de l'information sur les projets et faire un premier retour d'ici quelques semaines, assure-t-il. Le chantier est énorme, la crise est très forte mais il ressort une volonté commune d'avancer. »
C. Ledoux