Soutenir la demande en petit épeautre de Haute-Provence
Depuis plusieurs années les producteurs de petit épeautre de Haute-Provence ont œuvré pour satisfaire une demande constante et croissante. Mais, aujourd’hui, ils font face à un contexte de saturation du marché qui incite le syndicat à de nouvelles orientations.

Fin mars, à La Garde-Colombe (05), le syndicat du petit épeautre de Haute-Provence a tenu son assemblée générale. En constante évolution depuis plus de vingt ans, ce syndicat inter-départemental des producteurs compte aujourd’hui 74 exploitations sur quatre départements concernés par l’indication géographique protégée (IGP) « petit épeautre de Haute-Provence » : la Drôme, les Hautes-Alpes, les Alpes-de-Haute-Provence et le Vaucluse. En 2023, cinq nouveaux producteurs drômois ont rejoint le syndicat.
Une récolte 2023 exceptionnelle mais qui embarrasse
La récolte 2023 a concerné 493 hectares de petit épeautre de Haute-Provence pour un volume estimé à 1 183 tonnes brutes, soit environ 686 tonnes de grains, contre 1 092 tonnes brutes et 650 tonnes de grains pour mémoire en 2021 sur une surface de 520 ha. La légère réduction des surfaces emblavées vise en effet à préserver et pérenniser la filière. Malgré le prestige de sa réputation, le petit épeautre de Haute-Provence peine à se vendre au prix qu’il mérite. « Aujourd’hui, on cultive du petit épeautre partout en France, beaucoup de producteurs bio se sont engouffrés dans ce marché de niche, ce qui nous embarrasse malgré la haute qualité de notre produit, protégé par une IGP et un cahier des charges pertinent, sans oublier notre antériorité historique », a précisé Claude Mabille, l’un des producteurs à l’initiative de la relance de cette céréale ancestrale.
Un bilan technique flatteur
Pour mémoire, la campagne 2022-2023 s’est caractérisée par des conditions météorologiques irrégulières qui, dans certains secteurs, ont permis au petit épeautre de terminer son cycle de développement et dans d’autres ont empêché de maintenir un potentiel de rendement élevé. Les analyses conduites sur les 74 échantillons prélevés après la récolte ont montré des taux d’humidité mesurés de 11,44 % en moyenne et des taux de protéines de 12,23 % avec un PS moyen de 79,09. La récolte 2023 a aussi affiché un rendement moyen élevé, estimé à 24 quintaux à l’hectare.
Une année 2023 riche en réalisations
Le soutien financier exceptionnel des conseils régionaux Aura et Sud-Paca et des quatre conseils départementaux concernés par l’aire de l’IGP a permis la mise en œuvre d’actions destinées à développer et promouvoir la production. Cela s’est traduit par l’accompagnement à la constitution de dossiers d’aides à l’investissement pour du matériel de stockage, de tri, de décorticage et de conditionnement. La promotion auprès du grand public s’est faite à travers le site Internet du syndicat, une page Facebook, un compte Instagram, la création d’un nouveau logo, la publication de fiches recettes et la participation aux actions de promotions menées par le parc naturel régional des Baronnies Provençales et les autres organismes de gestion (ODG) des signes d’identification de la qualité et de l’origine (Siqo). Une réunion de filière a été organisée avec la chambre d’agriculture afin d’informer les producteurs sur le contexte actuel de saturation du marché, les volumes récoltés et les tendances d’évolution des ventes.
Améliorer la structuration de la filière
Le syndicat envisage dès cette année de renforcer ses actions afin de maintenir une demande spécifique pour le petit épeautre de Haute-Provence, en améliorant la structuration de la filière, en sécurisant sa production par la réalisation d’études techniques et en modifiant le cahier des charges. Par ailleurs, il poursuivra ses actions de promotion par l’élaboration de nouveaux supports de communication (QR code sur les emballages, sacs en papier en boulangerie pour le pain à la farine de petit épeautre de Haute-Provence), sans oublier de s’associer aux actions collectives des autres Siqo du territoire. Enfin, le syndicat accompagnera les opérateurs dans la constitution de dossiers en vue d’investissement en matériel de stockage, transport ou transformation avec financements européens. À noter, la mise à disposition jusqu’à fin décembre 2024 d’une animatrice du syndicat à celui de l’abricot des Baronnies, qui vient d’obtenir l’IGP, amènera une recette substantielle.
J.-M. P.
Sandie Ricard, secrétaire conduisant magistralement l’assemblée générale du syndicat du P.E.H.P ©JMP-AD26
Belle santé de l’association
L’association, prolongement du syndicat, est active. Elle fait la promotion du petit épeautre de Haute Provence et a un rôle structurant dans la filière en assurant l’interface entre les producteurs et les nouveaux clients. Le chiffre total des produits s’est établi à 101 444 € avec une hausse des recettes de 40 % mais également des dépenses de 30 %. On note une augmentation globale des ventes de grain et de farine de petit épeautre de Haute Provence auprès des particuliers et des professionnels. L’association a également continué d’accompagner les producteurs de petit épeautre qui ont fait le choix de la vente en circuits courts en réalisant des achats groupés d’emballages et d’étiquettes.
J.-M. P.