Un drone pour estimer les dégâts de gibier

C’est à la suite d’une battue et d’un passage de sangliers que Corentin Feniet, agriculteur en polyculture élevage à Domsure (Ain), s’est tourné vers les nouvelles technologies pour l’expertise de ses dégâts de gibier. Une façon pour lui de réunir des éléments complémentaires à l’estimation réalisée par les experts mandatés de la Fédération de chasse (FDC) de son département en cas de demande d’indemnisation*. Pour Alan Usseglio, président et fondateur d’Exo Expert, la société qui a développé l’application permettant de cartographier et chiffrer les dégâts, il n’est pas question de léser l’expertise de la FDC mais de faire d’une pierre deux coups. « C’est une solution pour les agriculteurs d’avoir une preuve tangible de ce qui a été expertisé, et un gain de temps pour les sociétés de chasse », explique-t-il.
Un dispositif gagnant-gagnant
Un sentiment partagé par la FDSEA de l’Ain qui propose désormais sa propre prestation d’expertise. « L’idée, c’est de faciliter le dialogue entre les agriculteurs et la fédération de chasse et d’avoir une expertise un peu plus fine, précise Pascal Blanc, président de la commission chasse. Il faut reconnaître que parfois, le dialogue est compliqué avec certains experts. » Lui-même a sollicité le concours d’un drone en mars dernier. « Sur une parcelle de 3,6 ha, les experts ont trouvé 35 ares (sinistrés par des passages de gibiers, ndlr), alors qu’avec le drone, on arrive à 85 ares ». Mais pour l’exploitant agricole, l’utilisation de ce drone n’a pas lieu d’opposer agriculteurs et FDC, bien au contraire. « C’est un gain de temps pour les experts, ils n’auront plus qu’à regarder la carte (fournie par l’agriculteur, ndlr) et rien ne les empêche d’aller regarder sur place ensuite. Et ce n’est pas prouvé que la FDC payera plus. Je pense que c’est un système gagnant-gagnant, plus juste et équitable. La FDC ne payera pas plus mais mieux. » Un argument de poids à l’heure où la Fédération nationale de chasse (FNC) vient de saisir le Conseil d’État, estimant que le système d’indemnisation des dégâts sur culture « n’est plus viable pour les chasseurs et leurs fédérations » et que face à l’explosion des populations de sangliers, « les chasseurs et leurs fédérations ne peuvent plus assumer seuls la charge des dégâts aux cultures agricoles qui s’élève à 77 millions d’euros ».
Margaux Legras-Maillet
*Les dégâts de gibiers (sangliers, cerfs élaphes et sikas, chevreuils, daims, chamois, mouflons et isard) sur cultures peuvent faire l’objet d’une demande d’indemnisation par l’exploitant agricole auprès de la Fédération départementale de chasse en vertu du Code de l’environnement.