Une nouvelle appli pour signaler les dégâts de la faune sauvage
L'application « Signaler Dégâts Faune Sauvage » est désormais disponible dans la Drôme. Développé par les chambres d'agriculture, cet outil permet de recenser la diversité des dégâts aux cultures et élevages et d'en évaluer les préjudices.

Le saviez-vous ? Plus de 35 espèces d'animaux sont à l'origine de dégâts sur les cultures et les élevages. Rien qu'au premier semestre de 2023, les chambres d'agriculture ont comptabilisé plus de 9 millions d’euros de dégâts sur les grandes cultures (en particulier sur les semis) dont 7 millions imputés aux pigeons ramiers et corbeaux freux. Ces chiffres ont été obtenus grâce à l'application « Signaler Dégâts Faune Sauvage » lancée fin 2022 par le réseau des chambres d'agriculture. L’outil, déjà présent dans plus de soixante-dix départements, est désormais accessible aux agriculteurs drômois.
Faire évoluer la liste des Esod
« On pâtit d'une situation ambiguë car de nombreux dégâts n'étant pas indemnisés, ils ne sont pas signalés, explique Bertrand Chareyron, responsable du pôle environnement et développement durable à la chambre d'agriculture de la Drôme. De ce fait, il est impossible de faire évoluer la liste des espèces susceptibles d'occasionner des dégâts (Esod, autrefois appelées nuisibles). »
L'application « Signaler Dégâts Faune Sauvage » intègre déjà une multitude d'espèces : belette, blaireau, buse, campagnol terrestre, castor, cerf, chevreuil, fouine, lapin de Garenne, lièvre, martre, ragondin, rat, rat musqué, renard, sanglier, souris, frelon asiatique… à laquelle s'ajoute une grande variété d'oiseaux : corbeaux freux, corneille noire, étourneau sansonnet, geai des chênes, pie bavarde, pigeon domestique, pigeons ramiers, tourterelle turque… Cette liste sera enrichie pour tenir compte de l'ensemble des signalements possibles que nous ferons remonter les éleveurs, arboriculteurs, viticulteurs, apiculteurs...
Évaluer les préjudices
« La spécificité agricole de la Drôme, c'est sa grande diversité et donc la multitude des dégâts constatés, fait remarquer Bertrand Chareyron. Un des problèmes majeurs concerne les dégâts d'oiseaux sur les productions de semences, du semis jusqu'au moment de la récolte. Nous savons que l'impact financier se chiffre en millions d'euros mais nous n'avons pas de signalements suffisamment précis et exhaustifs. D'où l'intérêt de cette appli pour recenser tous les dégâts, en particulier ceux sur lesquels aucun chiffrage n’a jamais été effectué, et évaluer le préjudice. »
L'Anamso*, le SPSMS** et plusieurs instituts techniques mais aussi la fédération départementale des chasseurs de la Drôme ou encore la direction départementale des territoires considèrent cette démarche comme une avancée. Les données récoltées au niveau départemental seront centralisées au niveau national afin d’enrichir une base de données relative à la pression de la faune sauvage sur les cultures et les élevages. « Cela servira à élaborer différentes mesures pour minimiser l’impact de cette pression », insiste Bertrand Chareyron, qui précise : « Les résultats seront partagés avec les associations environnementalistes afin de bien évaluer les dégâts en tenant compte des spécificités de chaque espèce. »
Christophe Ledoux
* Anamso : association nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences oléagineuses.
** SPSMS : syndicat des producteurs de semences de maïs et sorgho.
À noter
Dans le cas de dégâts occasionnés par le grand gibier (sanglier, cerf, chevreuil) et soumis à l’indemnisation, le signalement avec l'application « Signaler Dégâts Faune Sauvage » ne constitue pas un dossier d’indemnisation, lequel est à élaborer avec la fédération départementale des chasseurs.
Une appli à télécharger

L'application « Signaler Dégâts Faune Sauvage » est disponible sur les principales plateformes de téléchargement IOS et Android. Simple d’utilisation, le signalement des dégâts se fait en quatre étapes. La première est de photographier la zone où les dégâts sont constatés avant d’indiquer l’emplacement. Ensuite l’utilisateur peut donner des précisions comme le type d’animal qui aurait causé les dégâts et sur quel type de culture ou élevage puis la quantité du préjudice. Un calcul sera directement effectué par l'application afin de donner une estimation financière des dégâts. Lors de la quatrième étape, un récapitulatif est fait. À noter, l'utilisation de cette application n'équivaut pas à une déclaration de dégâts auprès de la fédération de la chasse.
« Signaler tous les dégâts, c'est essentiel »

« Si l'on veut pouvoir maintenir la liste des espèces susceptibles d'occasionner des dégâts (Esod), il est absolument indispensable que chaque agriculteur signale les dégâts de la faune sauvage, insiste Hervé Roux, élu de la chambre d’agriculture de la Drôme en charge des dégâts aux cultures. Aujourd'hui, cette liste comprend dix espèces dont cinq sont reconnues dans la Drôme : le renard roux, la fouine, la pie bavarde, la corneille noire et le corbeaux freux. Cela permet de mettre en œuvre des opérations de régulation (tirs, piégeages…). »
Il ajoute : « Signaler tous les dégâts permettra aussi de mieux définir les zones où les espèces occasionnent des pertes ainsi que de faire évoluer la liste des Esod. J'incite donc fortement tous les agriculteurs concernés par des dégâts de faune sauvage à télécharger l'application “Signaler Dégâts Faune Sauvage” sans attendre. Le faire permettra à la profession agricole d'avoir plus de poids dans les discussions et d'avancer un peu plus sur la régulation des populations. Sans remontée d'informations du terrain, nous ne pourrons rien faire. »
Propos recueillis par C.L.