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Coopérative

Vercors lait : une belle affaire

 Le plateau du Vercors peut se féliciter d’avoir une unité de transformation laitière rentable. Elle favorise le maintien de l’agriculture locale.

Vercors lait : une belle affaire
L’assemblée générale de Vercors Lait attire toujours une belle assistance représentative des apporteurs. © JME

Il y a des assemblées générales plus compliquées que celle-là. Ce n’est pas Paul Faure qui vous contredira à l’ouverture de la récente assemblée de Vercors Lait, tenue à Autrans début février. En quinze ans, la coopérative a fait un bond de géant sous son impulsion et celle de Philippe Guilloud, son directeur.

Constante progression

Alors qu’une ambiance bien morose secouait les campagnes et l’ensemble des agriculteurs, la coopérative pouvait dire, elle, que ses adhérents avaient une visibilité sur leur travail et leur avenir. Avec 4 millions de litres de lait, la collecte conventionnelle a progressé de 3 % lors de la dernière campagne (2022-2023), signe d’une stabilisation retrouvée. Même tendance, mais accentuée, avec le lait bio : + 6 % en un an pour atteindre 1,8 million de litres. Ces chiffres pourraient inquiéter au regard du marché. Manqué. Là aussi, l’achat de lait bio à l’extérieur, à la coopérative Sodiaal, a progressé fortement afin de compléter les besoins.
En quinze ans, depuis l’arrivée de Paul Faure à la présidence de la coopérative, la collecte de lait bio a bondi de 456 000 à 1,8 million de litres, tandis que le lait conventionnel s’est stabilisé à un peu plus de 4 millions de litres depuis une dizaine d’années. Le tout dans un environnement de production chahuté par un contexte laitier général difficile.

Quinze ans de progrès

Le total des litrages transformés est passé de 1,8 million de litres à 6,7 millions. Car au fil des ans, la production fromagère de la coopérative n’a cessé de progresser. De 303 000 kilos (2007), elle atteint désormais 758 000 kilos. 
Le chiffre d’affaires a évolué entre les deux derniers exercices de 6,4 % pour atteindre 9,7 millions d’euros (M€). « Cela représente trois ans de progression, un chiffre impressionnant avec une tendance confirmée », commente l’expert-comptable de Cerfrance. Durant les quinze dernières années, le chiffre d’affaires de Vercors Lait est passé de 3 M€ à presque 10 M€. Ce montant est issu à près de 80% de la valorisation des produits fabriqués par l’atelier de Villard-de-Lans. 
Par ailleurs, les ventes à des grossistes représentent 78% de ce chiffres d’affaires. Mais Vercors Lait peut aussi compter sur ses deux magasins, Seyssins (38) et Saint-Paul-lès-Romans (26), qui appartiennent à une filiale contrôlée à 100 % par la coopérative : la SARL Bleu Vercors.

Prix du lait rémunérateur

La gestion de la structure se traduit très directement par un prix du lait payé aux producteurs en progression. Il atteint 494 €/1 000 litres en moyenne en lait conventionnel (296 € en 2009) et 590 €/1 000 litres en production bio (303 € en 2007). « Il faut tenir compte aussi de la prise en charge du tank à lait par la coopérative qui couvre la fourniture et son entretien, pour un équivalent de 5,43 € les 1 000 litres », soulignent les dirigeants de l’entreprise.
Comme toutes les entreprises, Vercors Lait a vu ses charges de fonctionnement progresser en raison des hausses de prix de l’énergie, des transports ou de commission sur vente. Une décision a abouti à l’externalisation de la collecte de lait qui permet de déléguer un poste lourd à gérer, selon les dirigeants.
La charge de personnel a également augmenté (+ 4,3 %) mais son poids relatif est en baisse car l’augmentation de la production traduit une meilleure productivité. Des investissements matériels et une organisation bien cadrée ont amené ces résultats. Certains membres de l’assistance se sont émus de l’achat de 700 000 litres de lait bio à l’extérieur. Non seulement cela répond à un besoin de fabrication, mais « ces litrages participent à l’amortissement de l’ensemble des frais fixes », tempère l’expert de Cerfrance. 
Les deux magasins de vente directe détenus par la coopérative ont un chiffre d’affaires global de 3 M€, répartis pour deux tiers à Seyssins et un tiers à Saint-Paul-lès-Romans. « Une difficulté de recrutement de salarié a poussé le dirigeant de Saint-Paul-lès-Romans à arrêter la vente de plateaux préparés », commente Paul Faure. Le chiffre d’affaires de ce magasin est donc en léger recul.
Les élus présents à cette assemblée, Cyrille Madinier, vice-président du conseil départemental de l’Isère chargé de l’agriculture, Jacques Adenot, président du Parc naturel régional du Vercors, et Hubert Arnaud, maire d’Autrans-Méaudre, ont tous souligné le parcours vertueux de cette coopérative, permettant de soutenir le revenu des agriculteurs et la visibilité de leur métier dans le temps et dans l’espace.

Jean-Marc Emprin

Paul Faure, président de Vercors Lait.

Changement  de directeur en vue

Paul Faure, président de Vercors Lait, a indiqué que le directeur de la coopérative, Philippe Guilloud, était en arrêt pour raison de santé. Il a expliqué aussi qu’un accord serait prochainement trouvé avec lui pour entériner son départ. C’est visiblement une situation qu’il regrette, soulignant la forte implication de ce collaborateur qu’il a lui-même recruté il y a une quinzaine d’années. « Le commercial est un point essentiel pour lui, plaide-t-il, c’est cette compétence qui a permis de faire progresser notre structure ».