Zoom sur les plateformes de couverts testées par St Ex Innov
Depuis 2019, l’association St Ex Innov réalise divers programmes d’expérimentation, afin de produire des références pour une agriculture durable. Vendredi 15 novembre, une matinée de visites a été organisée sur des parcelles implantées à Pusignan, à côté de l’aéroport Saint-Exupéry (Rhône).

Meilleure gestion de l’eau et de l’irrigation, prototypes de matériel innovants, essais de semis-direct… Depuis sa création en 2019, l’association St Ex Innov a travaillé sur diverses expérimentations liées aux grandes cultures. Cette année, les portes ouvertes organisées le 15 novembre ont permis de visiter les couverts effectués en 2024. Malgré la fraîcheur matinale, de nombreux acteurs du monde agricole ont répondu présent à cette invitation. « Avec ces couverts, notre objectif est de faire de la biomasse et de stocker du carbone, afin d’alimenter le sol et de limiter l’empreinte carbone de l’exploitation, a introduit Yann Janin, ingénieur régional pour Arvalis-Institut du végétal. Nous avons essayé d’anticiper au maximum les semis, afin d’avoir les périodes de pousse les plus grandes possibles. »
Opter pour la stratégie des couverts relais
Sur la première modalité présentée, 65 quintaux de blé avaient été récoltés début juillet. Les techniciens ont semé à la volée un mélange de vesce commune de printemps (50 kg) et de sorgho à grosse graine (20 kg), qui n’a finalement pas poussé. Mi-septembre, ils ont sursemé de la féverole à hauteur de 40 gr/m² et du seigle (40 kg), sans utiliser, cette fois-ci, la technique à la volée. « Les couverts à la volée, c’est quelque chose de très
aléatoire, il faut semer une parcelle propre qui possède un peu d’humidité résiduelle, explique Yann Janin. L’an dernier, un mélange similaire nous avait permis de monter à 2,5 tonnes (t) de matière sèche. » Dans la foule amassée devant les parcelles, ces explications ont fait réagir Laurent Cipieren, ingénieur et spécialiste de la sélection de semences pour le leader des couverts végétaux, Cérience. Selon lui, le fait d’enrober les graines avec des biostimulants et un capteur d’humidité provoque une levée intéressante sur des plantes d’été comme le moha, le sorgho, la vecse ou la moutarde. « Il faut néanmoins le faire au maximum une semaine à 10 jours avant la moisson… Un mois avant, c’est trop tôt », a-t-il assuré.
La seconde modalité a consisté à déchaumer après la récolte et à semer de la vesce commune de printemps (50 kg) et du sorgho piper (10 kg) au début du mois de juillet et à l’aide d’un semoir à dents. « Nous sommes ensuite venus semer de la féverole (40 gr/m²) mi-septembre, qui est actuellement en bonne voie », relate l’ingénieur. Pour cette expérimentation, St Ex Innov a misé sur la stratégie du couvert relais. Le principe est simple : une espèce estivale constitue une première couche, tandis qu’une espèce hivernale vient prendre le relais durant la période froide. « Nous sommes alors en mesure de déplafonner la production de biomasse d’1 à 2 tonnes par rapport à un couvert estival classique, puisque la féverole va apporter de l’azote. » Selon l’ingénieur, la force du sorgho est que, peu importent les années, cette espèce fonctionne. Si certains membres du public ont relevé la problématique de la repousse de graines, Yann Janin s’est voulu très clair : « sur la variété piper, ce n’est pas possible, puisqu’il n’ira jamais au bout de son cycle, même si vous le semez début juin ». L’attention doit néanmoins être portée sur la variété sudal, qui est plus précoce.
Utiliser le nyger en période estivale
Outre le sorgho, les équipes ont testé un couvert plus diversifié en période estivale. Ce dernier était composé de nyger (8 kg), lin (2 kg), phacélie (4 kg), vesce de printemps (8 kg) et de trèfle incarnat (3 kg). « Le nyger a pris le dessus, ce qui démontre qu’il existe une concurrence par rapport à des espèces qui ont des implantations lentes, comme la vesce, le lin ou la phacélie », note Yann Janin. Cette plante herbacée annuelle, originaire des hauts plateaux d’Éthiopie, pousse aisément dans le sec et apporte du carbone. Sur la parcelle concernée, elle a également permis d’obtenir 5,5 t de matière sèche. « En revanche, dès que nous décalons les dates de semis de 15 jours de ces plantes estivales, nous observons un effet sur la production de la matière sèche », a averti l’ingénieur. Le nyger doit ainsi être semé mi-juillet.
Léa Rochon
Le trèfle à la suite d’un sorgho destiné à la méthanisation

Le 16 juillet dernier, la ferme expérimentale a testé un semis de sorgho monocoupe métha et de trèfle incarnat, afin de ne pas laisser le sol nu après la récolte du sorgho dédié à la méthanisation. En complément des essais de couverts diversifiés, le site d’expérimentation de St Ex Innov contient une parcelle de sorgho monocoupe (20 kg) destiné à la méthanisation. Afin que le sol ne se retrouve pas nu après la récolte en septembre, les équipes de St Ex Innov ont décidé de rajouter du trèfle incarnat (10 kg) lors des semis de juillet. « Nous avons gardé une partie non fauchée et non récoltée, afin de mesurer la biomasse que ce système peut engendrer », explique Yann Janin, ingénieur régional chez Arvalis. Après le broyage effectué fin septembre, qui a servi à simuler une récolte, le trèfle a largement pris le relais.
« L’an dernier, nous avions broyé trop tôt, le 15 septembre, or le sorgho avait déjà exercé sa concurrence… Cette année, nous avons donc broyé par bandes tous les 15 jours, afin de trouver la date de fauche optimale, que nous avons estimé être le 29 septembre. » Cette stratégie pourrait permettre aux méthaniseurs ou aux éleveurs de doubler leur production de biomasse et d’azote pour la culture suivante. « L’avantage de cette technique est qu’elle permet d’obtenir de la biomasse et de l’azote avec un seul semis effectué mi-juillet », assure le spécialiste. Au total, ces couverts auront permis l’acquisition de 9 t de matière sèche, pour un coût total de 90 €.
L.R.
9 tonnes
Volume de matières sèches rapporté par un couvert de sorgho métha monocoupe (20 kg) et d’un trèfle incarnat (10 kg) semé mi-juillet 2024.